Pêches et Océans attendu de pied ferme au comité consultatif sur le sébaste

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Les pêcheurs et les industriels ont de grandes attentes quant aux recommandations qui seront faites lors du comité consultatif sur le sébaste, qui commence lundi à Halifax.

La ministre de Pêches et Océans Canada, Diane Lebouthillier, a confirmé le 26 janvier la reprise de la pêche au sébaste dans l’unité 1 du golfe du Saint-Laurent dès la saison prochaine, après presque 30 ans de moratoire.

Mais depuis cette annonce, le quota plancher de 25 000 tonnes qu’elle a proposé soulève les critiques au Québec et dans les provinces de l’Atlantique. Les crevettiers, les pêcheurs de poissons de fond et les industriels exigent un quota beaucoup plus élevé.

Parc à bateaux de Rivière-au-Renard.

Plusieurs pêcheurs savent qu’ils ne pourront pas sortir leur bateau au printemps puisque les quotas de crevette sont trop petits pour rentabiliser la pêche. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / MARTIN TOULGOAT

La Nouvelle-Écosse et le Québec obtiennent la part du lion des allocations avec respectivement 33 % et 32 %.

Mais, unanimement, ce qui sème la grogne chez les quelque 80 crevettiers du Québec et des provinces de l’Atlantique reste le faible pourcentage de 10 % réservé à leur flottille.

Parce qu’en fonction de la politique sur les nouvelles pêches, la pêche au sébaste se définit clairement comme étant une nouvelle pêcherie, alors, de notre point de vue, il n’y avait aucune obligation ni aucune raison qui justifiait que la ministre Lebouthillier ait choisi de travailler sur le respect des parts historiques.

Une citation de Patrice Element, directeur de l’Office des pêcheurs de crevettes du Québec
Portrait de Patrice Element.

Patrice Element est directeur de l’Office des pêcheurs de crevettes du Québec. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA

Aux Îles-de-la-Madeleine, l’Association des pêcheurs de sébaste plaidera, lors de ce comité consultatif, pour un quota plus important réservé aux pêcheurs du Québec, afin de favoriser davantage les flottilles en difficulté.

L’association compte 22 membres, qui sont essentiellement des pêcheurs de poissons de fond touchés par des baisses importantes de captures ou par des interdictions de pêche. Mais avec les allocations proposées par la ministre Lebouthillier, ces pêcheurs entrent dans la catégorie de la flotte côtière d’engins mobiles de moins de 65 pieds, qui se voit réserver 15 % du quota pour tout le golfe du Saint-Laurent.

Par ailleurs, l’association compte aussi dénoncer, lors de ce comité consultatif, la place importante réservée aux navires de plus de 100 pieds qui se partageront 59 % du quota.

Ce serait dévastateur, selon nous, de voir des bateaux hauturiers de plus de 100 pieds venir dans le golfe. Et quand on entend la ministre dire qu’un bateau de 100 pieds, c’est comme deux bateaux de 50 pieds, de notre côté, on croit que c’est une déconnexion totale du milieu des pêches.

Une citation de Jean-Bernard Bourgeois, président de l’Association des pêcheurs de sébaste des Îles-de-la-Madeleine

L’Office des pêcheurs de crevettes du Québec ajoute que les navires de plus de 100 pieds, qu’ils soient des bateaux-usines ou non, nuiront à la préservation de la ressource, même s’ils seront soumis cette fois à une pêche à quota.

Avec le nombre important de traits de chalut que feront ces bateaux, il y a aussi un impact potentiel sur d’autres espèces, croit Patrice Element. Quand on parle de prises accessoires sur un trait de chalut de 125 000 livres, ce n’est pas la même chose que nos bateaux qui peuvent pêcher entre 20 000 et 25 000 livres par trait de chalut.

Mêmes attentes du côté des industriels

L’Association québécoise de l’industrie de la pêche (AQIP) croit aussi que le quota de sébaste doit être largement augmenté­.

Emballage de poisson à chair blanche congelé.

L’usine Les Pêcheries Gaspésiennes commercialise déjà du sébaste sur le marché québécois provenant de quotas de pêche scientifique. PHOTO : RADIO-CANADA / MARTIN TOULGOAT

Son directeur général, Jean-Paul Gagné, croit que les usines gaspésiennes et madeliniennes seraient prêtes à transformer, dès la première saison, au moins 40 000 tonnes.

On pourrait peut-être en demander plus, mais il faut être prêt du côté de nos usines et prendre le temps de remettre ce produit-là sur les marchés, parce que la commercialisation, ça va aussi demander autant d’investissements que pour les équipements qui devront être achetés dans les usines, explique-t-il.

Concrètement, pour un pêcheur de crevette, le quota de sébaste de 10 % qui lui est réservé représente seulement deux à trois jours de pêche dans la saison.

Et pour les trois transformateurs de poissons de fond gaspésiens qui misaient sur le sébaste pour diversifier leurs opérations, le comité consultatif sera aussi l’occasion de faire un dernier plaidoyer pour une augmentation importante des captures.

Le gros problème, avec ce qui est proposé, c’est la répartition de la ressource, parce que comme je le dis depuis l’annonce, sur papier, on a accès à moins de sébaste que pour les pêches scientifiques des dernières années.

Une citation de Olivier Dupuis, directeur général de l’usine Les Pêcheries Gaspésiennes à Rivière-au-Renard
Un homme souriant dans une usine de transformation de poisson avec des équipements derrière.

Olivier Dupuis est directeur général de l’usine de Rivière-au-Renard des Pêcheries Gaspésiennes, spécialisée dans la transformation du poisson de fond. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / MARTIN TOULGOAT

Le transformateur gaspésien de poissons de fond ajoute qu’avec le quota plancher proposé, il lui est impossible de rentabiliser l’achat de nouveaux équipements pour augmenter sa capacité de production de sébaste qui est, actuellement, de 50 000 livres par semaine.

On a besoin de prévisibilité avant d’investir des sommes importantes dans des équipements, et avec ce qu’on entend, c’est préoccupant, estime le transformateur qui emploie 70 personnes.

Rappelons que la ministre se montre ouverte, depuis le début, à revoir à la hausse le quota de sébaste si c’est la recommandation unanime faite par les pêcheurs, les industriels et les scientifiques réunis lors de ce comité consultatif.

Je ne voulais pas que Pêches et Océans Canada aille sous le 25 000 tonnes, et ce que j’ai annoncé, c’est que j’allais entériner ce que le comité consultatif du sébaste allait me recommander, nuance Diane Lebouthillier.

Une pêche expérimentale était en place dans l’unité 1 du golfe du Saint-Laurent depuis 2018, avec un quota de 5000 tonnes l’an dernier.

LA UNE : Plusieurs pêcheurs et industriels gaspésiens et madelinots croient que le quota de sébaste doit être largement augmenté­. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / NICOLAS STEINBACH

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