Pas de traces de microplastiques dans les pétoncles

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Alors que son environnement est de plus en plus soumis à la présence de microparticules de plastique, le pétoncle réussit à éliminer celles qu’il ingère, démontre une étude de l’Institut des sciences de la mer (ISMER) de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR).

Les résultats, publiés dans la revue Marine Pollution Bulletin(Nouvelle fenêtre), devraient ravir les amateurs du mollusque à la chair ferme et sucrée. Il n’y a pas une conclusion automatique selon laquelle les animaux sont contaminés et souffrent de la présence de microplastiques, déclare l’écotoxicologue Émilien Pelletier.

Le pétoncle est au cœur de l’étude qui s’est échelonnée sur un peu plus de trois ans en raison de son importance dans l’industrie de la pêche de l’est du Canada. Le mollusque est aussi un bon indicateur de pollution. Ils se nourrissent de toutes les particules qui se retrouvent dans l’eau, donc c’est un très bon filtreur d’eau, explique le professeur et chercheur Youssouf Djibril Soubaneh.

Portrait du professeur-chercheur Youssouf Djibril Soubaneh dans un laboratoire de l'ISMER.

Le professeur-chercher Youssouf Djibril Soubaneh dans un laboratoire où sont produites des microalgues. PHOTO : RADIO-CANADA / GUILLAUME CHEVRETTE

Des pétoncles pêchés dans le Saint-Laurent ont été transportés dans les bassins du laboratoire scientifique où ils ont séjourné dans des conditions similaires à celles du fleuve.

Pendant trois mois, les pétoncles du laboratoire ont été nourris trois fois par semaine avec des microalgues, leur nourriture principale, mais aussi avec des particules de polystyrène. Il s’agit là de la phase d’exposition à un contaminant.

Les trois mois suivants, les chercheurs ne leur ont donné que des microalgues à manger. Pendant cette période de dépuration, on a regardé comment le pétoncle avait la capacité de se débarrasser ou d’éliminer ces microplastiques, indique M.Soubaneh, qui est spécialiste de la distribution des contaminants et responsable du projet. Ce processus s’est fait grâce à plusieurs séquences d’échantillonnage.

Des pétoncles géants dans un bassin d'eau.

Des pétoncles ont été pêchés dans le fleuve et acheminés dans les laboratoires de l’ISMER où ils ont été nourris de microalgues et de microplastiques pendant trois mois. PHOTO : GRACIEUSETÉ DE L’ISMER-UQAR

Les chercheurs sont en mesure de suivre les particules dans le système digestif du pétoncle. Nos microplastiques synthétisés ici contiennent un marqueur radioactif. En fait, c’est du carbone 14, mentionne le professeur émérite à l’ISMER, Émilien Pelletier. Lors d’un procédé qui peut s’apparenter à une radiographie, on peut apercevoir la forme générale du pétoncle et chacun des organes qui contiennent les microplastiques, ajoute-t-il.

L’étude a démontré que les particules de plastique demeurent dans le système digestif quelques heures, voire quelques jours avant d’être expulsées comme un déchet. Elles ne se distribuent pas dans le manteau, dans les autres organes et surtout pas dans le muscle adducteur, celui qui est comestible, détaille M. Pelletier.

Les pétoncles, comme beaucoup d’autres bivalves qui filtrent de l’eau, ont en fait appris à se débarrasser des particules qui ne sont pas digestibles et qui n’ont pas d’intérêt nutritif.

Une citation de Émilien Pelletier, professeur émérite de l’Institut des sciences de la mer

Les chercheurs sont allés encore plus loin en étudiant ce qui advient des déchets des pétoncles, soit de ses excréments contenant les particules de microplastique. Ils ont constaté que des détritivores comme les gammares les consomment à leur tour.

Elles ont été reprises et rejetées de nouveau, s’exclame Émilien Pelletier. Ces microparticules ne disparaissent pas comme ça dans l’environnement, mais à tout le moins, ce qu’on a vu, c’est qu’elles ne restent pas dans les organismes, ajoute le spécialiste en écotoxicologie moléculaire en milieux côtiers.

Portrait d'Émilien Pelletier.

Le professeur émérite en écotoxicologie moléculaire en milieux côtiers, Émilien Pelletier PHOTO : RADIO-CANADA / LISA-MARIE BÉLANGER

L’équipe de recherche a aussi travaillé avec la moule bleue en ajoutant cette fois des métaux considérés toxiques dans les microparticules de plastiques. Même résultat : les tissus du mollusque ne retiennent pas les métaux de façon significative.

Le professeur Youssouf Djibril Soubaneh espère étendre éventuellement la recherche aux crustacés et aux poissons. On pensait à un poisson comme l’omble chevalier, déclare-t-il. Les salmonidés sont très sensibles à l’environnement et l’avantage qu’on a, c’est que c’est très bien connu, on a des experts ici là-dessus, renchérit Émilien Pelletier.

Pêches et Océans Canada a financé le projet de recherche qui s’est amorcé en octobre 2020. Un montant de près de 300 000 $ a été accordé à l’équipe.

LA UNE : Les pétoncles géants éliminent les microparticules de plastique en quelques heures, voire quelques jours. (Photo d’archives). PHOTO : RADIO-CANADA

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