Visa pour les travailleurs mexicains des pêches : Ottawa persiste et signe

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Les derniers espoirs de l’industrie des pêches se sont envolés lundi matin. Ottawa a de nouveau refusé d’accorder une dérogation aux travailleurs mexicains qui doivent désormais obtenir un visa pour entrer au pays, malgré le fait qu’ils soient attendus impatiemment dans les usines de transformation des produits marins de l’Est-du-Québec.

Des représentants de l’Association québécoise de l’industrie de la pêche (AQIP) et de Dotemtex, l’agence qui organise la venue de travailleurs étrangers pour 13 usines de l’Est-du-Québec, ont rencontré des membres du cabinet du ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, lundi avant-midi.

Ils ont une fois de plus échoué à convaincre le ministère d’accorder des mesures d’exception aux travailleurs mexicains qui doivent venir en renfort dans les usines de transformation. Le 29 février, Ottawa a annoncé que certaines catégories de voyageurs mexicains devront être munies d’un visa pour entrer au Canada.

Ils nous ont bien avertis qu’il n’y aurait de dérogation pour personne.

Une citation de Jean-Paul Gagné, directeur général de l’AQIP

Au moins cinq usines situées à Rimouski, à Matane et sur la Côte-Nord ont besoin de ces travailleurs dans moins de deux semaines, car la pêche au crabe des neiges s’ouvre le 24 mars dans l’estuaire du Saint-Laurent (zone 17).

Sur les 600 travailleurs mexicains recrutés par Dotemtex pour répondre aux besoins des industriels du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine et de la Côte-Nord, 400 n’ont pas de permis de travail, affirmait vendredi la présidente de l’agence Mélanie Sirois, sur les ondes de Radio-Canada.

Ce sont 400 travailleurs qui risquent de ne pas prendre leur vol à temps, donc de ne pas venir du tout pour la prochaine saison.

Une citation de Mélanie Sirois, présidente de Dotemtex

Mme Sirois explique que les travailleurs mexicains, avant d’obtenir un visa, doivent eux-mêmes faire les démarches pour obtenir un permis de travail, ce qui n’est pas chose simple.

Ces gens-là doivent se déplacer, avant de faire une demande de permis de travail en ligne, pour aller dans les bureaux des états régionaux afin de remplir tous les papiers et de faire des tests de biométrie, explique la présidente de Dotemtex. Pour certains travailleurs, c’est un déplacement de 1000 km depuis leur maison.

On parle d’une logistique qui va s’échelonner sur deux à quatre semaines au minimum, alors qu’on est à moins de 15 jours de l’ouverture de la saison, s’inquiète-t-elle.

Traitement prioritaire

Selon le ministère fédéral de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, les candidats qui présentent une demande de permis de travail à titre d’ouvrier ou de manœuvre dans une usine de transformation du poisson et des fruits de mer sont admissibles au traitement prioritaire.

Pour faciliter le traitement de ces demandes dans les meilleurs délais, nous avons immédiatement ouvert de nouveaux points de service de collecte des données biométriques à l’ambassade du Canada à Mexico afin d’aider les nouveaux clients ayant besoin d’un visa de visiteur. D’autres points de service au Mexique ouvriront leurs portes dans les prochains jours, indique par courriel la conseillère en communication du ministère, Isabelle Dubois.

Vue d'ensemble de la ligne de transformation du homard. Des travailleurs ensachent des homards.

L’usine Fruits de mer de l’Est du Québec à Matane attend des travailleurs mexicains ces jours-ci. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / JEAN-FRANÇOIS DESCHÊNES

Jean-Paul Gagné de l’AQIP doute que le traitement prioritaire soit suffisant pour assurer l’arrivée des travailleurs à temps.

Ils nous disent que ça peut se faire en 48 heures, mais on a des doutes.

Une citation de Jean-Paul Gagné, directeur général de l’AQIP

De son côté, la députée de Gaspésie–Les Îles et ministre des Pêches et des Océans, Diane Lebouthillier, affirme par écrit être en communication constante avec son collègue, le ministre Miller, afin de trouver une voie de passage pour ces travailleurs dans les meilleurs délais.

Des industriels sur la corde raide

Dans le cas des Pêcheries de l’Estuaire, à Rimouski, 18 travailleurs mexicains doivent prendre l’avion mercredi, mais n’ont toujours pas reçu leur visa.

Le président, Henry Clapperton, se dit très inquiet que les demandes de visa ne soient pas traitées assez rapidement.

Ça presse! lance-t-il. On doit les former en hygiène, en salubrité, en santé et sécurité. On a au moins quatre jours de formation à leur donner avant leur entrée à l’usine le 24 mars. Là, il faut qu’ils arrivent.

La demande officielle pour les visas des travailleurs a été déposée jeudi par Dotemtex. M. Clapperton espère que les délais de 48 heures promis par Ottawa seront respectés, mais lui aussi en doute.

Ça implique deux pays, souligne M. Clapperton. Au Canada, ils nous disent qu’ils vont les traiter rapidement, mais au Mexique, on ne sait pas ce qui se passe. On se fait dire que les fonctionnaires mexicains ont reçu l’ordre de prendre leur temps pour traiter les demandes des travailleurs qui vont au Canada. C’est devenu une question politique entre les deux pays.

Des crabes des neiges dans un bac.

L’absence des travailleurs mexicains pour traiter le crabe des neiges pourrait avoir de lourdes conséquences, selon Henry Clapperton. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / MARIO MERCIER

Il déplore qu’Ottawa ait pris la décision d’imposer un visa aux travailleurs des usines de pêche sans penser aux dommages collatéraux pour les industriels de la pêche, à moins d’un mois du début de la saison.

Selon l’AQIP, les entreprises de transformation de l’industrie des pêches au Québec ont embauché 784 travailleurs étrangers temporaires en 2023, dont plus de 500 provenaient du Mexique.

 

LA UNE : Plus de 600 travailleurs mexicains sont attendus dans les usines de transformation des produits marins de l’Est-du-Québec, mais 400 n’ont toujours pas reçu le permis de travail nécessaire à l’obtention du visa. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA

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