Le homard des Îles: le prix plancher, une mesure qui ne fait pas l’unanimité

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Par Pascal Raiche-Nogue
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L’industrie du homard des Îles-de-la-Madeleine se distingue aussi de ses cousines des Maritimes par son système de détermination d’un prix minimal. À l’instar du programme d’identification, cette particularité ne fait pas que des heureux.

Au Nouveau-Brunswick, le prix du homard est un éternel sujet de discussion. Les pêcheurs sont à la merci des acheteurs, qui ne sont pas tenus de leur offrir un prix minimal pour leurs prises. L’incertitude et la fluctuation des prix retiennent régulièrement l’attention.

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La directrice générale de la Coopérative des pêcheurs de Cap Dauphin, Ruth Taker. – Acadie Nouvelle: Pascal Raiche-Nogue

Aux Îles, la situation n’est pas la même. Depuis plusieurs années, un système de détermination hebdomadaire du prix plancher est en place. Il est rendu possible par une convention de mise en marché.

Cette convention balise les rapports entre les deux seules organisations ayant le droit de négocier au nom des acheteurs et des pêcheurs, soit l’Association québécoise de l’industrie de la pêche (AQIP) et l’Office des pêcheurs de homard des Îles-de-la-Madeleine (l’Office).

Il s’agit d’un mécanisme à plusieurs volets dans lequel on peut facilement se perdre. En bref, chaque lundi pendant la saison de pêche les représentants des pêcheurs et des acheteurs s’entendent sur un prix minimal pour les prises de la semaine précédente.

Pour y arriver, l’AQIP s’amène à la table avec des données. Elle présente la moyenne du prix de vente des trois acheteurs ayant vendu leur homard au plus haut prix au cours de la dernière semaine.

Une formule permet à l’Office de voir si les données présentées par l’AQIP ont du sens. Les deux associations peuvent ensuite négocier. S’ils ne parviennent pas à s’entendre, ils se tournent vers la Régie des marchés alimentaires et agricoles du Québec, qui doit ensuite trancher.

La forme actuelle du système ne fait pas l’affaire de tous et a causé des frictions au cours des dernières années. Récemment, l’AQIP a échoué dans sa tentative de faire modifier certains paramètres qui, selon elle, désavantageaient les acheteurs.

La Coopérative des pêcheurs de Cap Dauphin est l’une des six entreprises qui achètent du homard aux Îles. Sa directrice générale, Ruth Taker, craint que des acheteurs ferment boutique si le système actuel n’est pas ajusté. La réduction du nombre d’acheteurs aurait des conséquences dramatiques, croit-elle.

«Je crois que la compétition est l’un des moyens de base de garder les prix élevés. On ne peut pas garder les prix avec un ou deux acheteurs. Ça stagne et on en arrive à une impasse.»

Il reste que le système permet aux pêcheurs de savoir un peu mieux dans quoi ils s’embarquent lorsqu’ils partent en mer, selon le directeur de l’Office, Léonard Poirier.

«Eux ça les rassure. Les pêcheurs sont rassurés parce que c’est une obligation», dit-il.

Une autre particularité de l’industrie du homard aux Îles est le partage des revenus. La convention prévoit que l’acheteur verse 75 % du prix minimal au pêcheur et se garde une commission de 25 %. Cette répartition tient jusqu’à 3 $ la livre.

Lorsque le prix dépasse ce seuil, les excédents sont divisés ainsi: 90 % au pêcheur et 10 % à l’acheteur.

 

 

Photos : Pascal Raiche-Nogue