Chasse aux phoques illégale mais nécessaire disent les Madelinots

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Depuis trois ans, les chasseurs de phoques des Îles-de-la-Madeleine ont capturé des centaines de phoques gris dans une réserve écologique malgré que la chasse y soit interdite. L’Île Brion est, disent-ils, le meilleur endroit pour chasser cette espèce.

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Archipel des Îles-de-la-Madeleine PHOTO : RADIO-CANADA

Le phoque gris comporte de nombreux avantages sur son cousin, le phoque du Groenland. D’abord, il passe l’hiver autour des Îles-de-la-Madeleine, et contrairement au phoque du Goenland, les chasseurs ne sont pas dépendant de la banquise.

C’est l’homme d’affaires madelinot Réjan Vigneau qui est à l’origine des trois expéditions de chasse sur l’Île Brion. Le propriétaire de la boucherie Côte à Côte estime que les conditions de glaces le forcent à s’approvisionner sur l’Île Brion, là où la ressource se trouve désormais.

« On a 100 loups-marins du Groenland d’abattus pis presque 2000 phoques gris, donc par la bande, avec les conditions de mère Nature on n’a pas le choix, c’est là qu’on se tourne tranquillement pas vite… » – Réjean Vigneau, propriétaire, Boucherie Côte à Côte, Cap-aux-Meules

Faire pression sur Québec

Le propriétaire de la boucherie Cote à Côte, Réjean Vigneau, avoue qu’ils ont agi « un peu cowboy » en chassant sur l’île malgré l’interdiction, mais il s’explique mal l’immobilisme de Québec. Actuellement, les chasseurs n’auraient reçu qu’un avertissement de la part du ministère pour avoir chassé sans permission.

Selon le boucher, le gouvernement doit autoriser rapidement une chasse sur Brion tout en respectant l’environnement. Une chasse de quelques semaines, hors saison touristique. « C’est un paradoxe, on a voulu une réserve écologique, mais on s’est rendu compte que Brion, c’est le meilleur site pour chasser le phoque gris », indique t-il.

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PHOTO : RADIO-CANADA

Le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques confirme qu’il analyse actuellement la demande des Madelinots pour permettre la chasse aux phoques sur la réserve écologique. Cependant, le ministère tient la ligne dure : la chasse y est interdite jusqu’à nouvel ordre.

L’accès à l’Île Brion est réservé aux activités d’éducation ou de recherche scientifique.

Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques du Québec.

Les pêcheurs appuient les chasseurs de phoques.

Ghislain Cyr, pêcheur, L'Étang-du-Nord
PHOTO : RADIO-CANADA

Les pêcheurs des Îles-de-la-Madeleine revendiquent depuis longtemps une chasse à grande échelle du phoque gris qui, selon eux, mange chacun deux tonnes de poissons par année. Selon Ghislain Cyr, pêcheur à L’Étang-du-Nord, il en va de l’avenir des pêcheries aux Îles-de-la-Madeleine.

« Depuis quelques années, à cause de l’absence de glace, le phoque gris se rabat sur Brion, c’est la seule place qu’on a pis il (le gouvernement) veut nous l’enlever ».

L’Association des chasseurs de phoques des Îles-de-la-Madeleine réclame un assouplissement des règles pour sauver cette industrie. Selon le directeur de l’association, Gil Thériault, le marché des produits du phoque se développe bien, la ressource est présente en grande quantité, ne manque que la volonté politique.

« Oui c’est une chasse illégale, c’est d’ailleurs ce qui est ridicule. On doit contrôler le troupeau, tout le monde est d’accord, mais en même temps on nous dit, pas le droit avec tel bateau, pas le droit avec telle arme, pas le droit sur tel territoire »…

Le député Germain Chevarie mal à l’aise

Le député des Îles-de-la-Madeleine dit comprendre l’empressement des chasseurs madelinots, mais il condamne la chasse illégale pratiquée sur l’Île Brion.

« Je ne peux pas confirmer que c’est la bonne intervention à faire que d’aller sur une réserve écologique pour chasser. » – Germain Chevarie, député PLQ, Îles-de-la-Madeleine

Le député a demandé à l’Association des chasseurs de phoques de lui fournir un argumentaire par écrit. Il entend trouver une solution, mais il indique que « ça ne se fera pas en quelques jours ».

Territoire protégé depuis 1984, l’Île Brion est aussi une pouponnière pour des milliers de phoques gris qui l’ont prise d’assaut il y a quelques années pour y mettre bas. Le troupeau est en explosion, passant d’environ 10 000 individus dans les années 70, à plus d’un demi-million aujourd’hui. De plus, depuis quatre ans, la loi permet de commercialiser l’animal.

Un texte de Michel-Félix Tremblay