Un biologiste des Îles-de-la-Madeleine, Sébastien Cyr, défend le projet d’abattage de 1200 phoques gris à l’île Brion à des fins scientifiques.
Québec a rejeté avant les Fêtes le projet d’abattage et d’analyse de viande porté par le professeur-vétérinaire de l’Université de Charlottetown à l’Île-du-Prince-Edouard, Pierre-Yves Daoust, sous prétexte de son aspect commercial.
Ce projet faisait pourtant l’unanimité aux Îles-de-la-Madeleine, selon le biologiste Sébastien Cyr.
«Toutes les associations de pêcheurs avaient envoyé un appui au projet, les groupes environnementaux aussi, les gens de la municipalité… c’est un projet qui faisait consensus dans le milieu.» – Sébastien Cyr, biologiste
Projet de recherche
Sébastien Cyr considère qu’il est essentiel d’analyser l’état de santé du troupeau de phoque gris de l’archipel dont la population est passée de 400 individus en 1999 à 10 000 aujourd’hui. On en retrouve 600 000 dans le golfe Saint-Laurent.
En abattant un millier de phoques gris à des fins d’analyse, les chercheurs veulent entre autres s’assurer que les produits de viande et d’huile qui pourraient être commercialisés en cas de réouverture de la chasse répondent aux critères de qualité du marché. Le projet de recherche prévoyait la participation du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) et du ministère de l’Environnement (MDDELCC).
Les carcasses servant à l’échantillonnage seraient ensuite remises à l’industrie pour la transformation des peaux, de la graisse et de la viande, ce que le sous-ministre Patrick Beauchesnes, du MDDELCC, a qualifié d’inacceptable en raison de son caractère commercial.
Le biologiste juge cette analyse déplorable : « Ce qu’on dit, nous, c’est qu’on utilise 100 % de la bête et qu’on fait du développement durable. On ne laisse pas pourrir des carcasses sur place. Tuer pour tuer, ça ne sert à rien, donc on voulait récupérer tous ces animaux-là pour que ça profite à la communauté. »
Île Brion, réserve écologique
Sébastien Cyr ne croit pas que ce projet d’abattage vienne en contradiction avec le statut de réserve écologique de l’île Brion. Il se demande pourquoi les gouvernements refusent de s’attaquer à la gestion du troupeau de phoque gris alors qu’ils le font pour d’autres espèces, comme l’orignal, pour éviter la surabondance.
«La population des Îles-de-la-Madeleine avait souhaité la création de la réserve écologique de l’île Brion en 1988 pour que ce joyau du golfe soit protégé. C’est vrai. Or, la population des Îles n’a jamais signé un chèque en blanc au gouvernement du Québec.» – Sébastien Cyr, biologiste
Dans une lettre adressé au sous-ministre Patrick Beauchesne, le biologiste indique que la surpopulation de phoque gris aux abords des Îles-de-la-Madeleine cause des dommages aux engins de pêches et à la végétation autour des pouponnières.
Les chasseurs de phoques madelinots et le professeur-vétérinaire Pierre-Yves Daoust de Charlottetown cherchent un plan B pour réaliser l’étude sur les phoques gris le plus tôt possible.
LA UNE : Les phoques gris sont nombreux sur la plage de l’île Brion Photo : Radio-Canada/Line Danis