Le projet Dune-du-Nord pour un futur plus écologique et économique
En 2003, le Québec s’est doté d’une nouvelle politique énergétique qui donne une large place à l’énergie éolienne et, déjà, dans le réseau d’Hydro-Québec, on a intégré 10 % de cette énergie propre. La technologie éolienne a fait ses preuves et a démontré son efficacité et sa rentabilité.
Depuis plusieurs années, aux Îles, on parle et on espère voir apparaître des éoliennes pour réduire notre empreinte écologique et nos émissions de gaz à effets de serre (GES). Les Madelinots souhaitent aussi être moins dépendants des hydrocarbures et ainsi contribuer à atteindre les objectifs de la Stratégie énergétique de la communauté maritime. En 2013, la municipalité a procédé à un changement de zonage et a identifié la zone de la Dune-du-Nord comme site éolien potentiel. Ce site se situe entre Pointe-aux-Loups et Grosse-Île. Aujourd’hui, jamais les Îles-de-la-Madeleine n’ont été aussi près d’en arriver à la réalisation d’un parc éolien, grâce à ce projet.
En effet, en 2015, Hydro-Québec Distributions a fait un appel de propositions de projets susceptibles d’améliorer l’environnement madelinot tout en étant en harmonie avec le milieu, afin d’établir un parc éolien de 6 mégawatts (MW) dans l’archipel. L’énergie produite, en complémentarité avec celle produite à la centrale, garantira un approvisionnement de qualité en continu.
Ce nouveau projet avance très bien et plusieurs étapes ont déjà été franchies. Afin de permettre la récolte des données nécessaires et d’obtenir les résultats des différentes études, Hydro-Québec a fixé la date de dépôt des propositions au 11 octobre 2017. Au plus tard en mars 2018, Hydro-Québec annoncera le projet retenu pour une mise en opération en décembre 2018.
Étapes du projet
La Régie intermunicipale de l’énergie Gaspésie Îles-de-la-Madeleine a été identifiée en tant que partenaire communautaire qui s’associera avec le producteur retenu par Hydro-Québec pour la réalisation et l’exploitation du parc éolien. Le projet vise à mettre en place un parc de 6 MW d’énergie éolienne pour répondre aux besoins des Madelinots. La réalisation de ce projet permettra à Hydro-Québec de réduire ses coûts de production d’électricité, ainsi que les émissions de GES de la centrale thermique de Cap-aux-Meules.
En 2016, la Régie a obtenu les autorisations nécessaires pour procéder à des études de vent et des études géotechniques, tout en gardant en tête les habitats protégés, car la Régie est consciente de la fragilité du milieu et veut s’assurer que le projet aura le moins d’impacts possible sur l’environnement. Le but d’établir un parc éolien dans l’archipel est d’améliorer l’environnement en réduisant les émissions de GES tout en limitant les risques négatifs sur la faune et la flore, en particulier le corème de Conrad (petit arbuste vivant dans les dunes fixées par la végétation que l’on trouve à plusieurs endroits sur les Îles). La Régie a procédé à l’automne 2016 à un inventaire du Corème de Conrad et procède actuellement à un inventaire des oiseaux et des chauves-souris. Un rapport final sera déposé au plus tard en décembre prochain.
En février 2017, on a installé un mât de mesure du vent du côté du site privilégié pour l’installation du parc afin d’estimer adéquatement le potentiel éolien. Pendant un an, soit jusqu’en février 2018, on prendra les mesures de force et de direction des vents madelinots. De plus, à l’été 2017, des études géotechniques ont été faites et le rapport fut déposé en août dernier. Ces informations seront pertinentes pour faire les meilleurs choix de fondations et de types d’éoliennes.
L’habitat protégé du Corème de Conrad
À la fin du mois de mars 2017, le ministre du Développement durable, Environnement et Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC), David Heurtel, a confié au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) un mandat de consultation. Dès le mois de mai, le BAPE organisa une séance publique de consultation dans l’archipel, puis déposa son rapport en juillet. À la suite de la lecture de ce rapport, le ministre Heurtel a fait connaître ses orientations pour le projet. Celui-ci se dit préoccupé par la préservation d’une espèce floristique menacée et qui ne se trouve qu’aux Îles. Toutefois, « considérant la problématique particulière des Îles-de-la-Madeleine quant à sa dépendance aux énergies fossiles, le Ministère accepte d’examiner le projet du parc éolien proposé. » Ce projet devra cependant s’assurer de limiter les impacts négatifs sur cette espèce, de proposer des mesures d’atténuation et d’évitement de ces impacts et, si nécessaire, des solutions de compensation.
Régie intermunicipale de l’énergie Gaspésie Îles-de-la-Madeleine.
La Régie a été créée en 2010 par les MRC de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine. Elle travaille avec et pour la communauté. Sa mission est d’augmenter les retombées de l’exploitation de la ressource éolienne dans une démarche de développement durable et d’en faire bénéficier les MRC et les municipalités de la région avec des revenus récurrents. Les revenus nets estimés annuellement sont de l’ordre de 4 millions $ qui seront redistribués aux communautés de la région pour contribuer à leur développement.
La Régie est partenaire à 50 % des projets éoliens avec les promoteurs privés. À ce jour, trois parcs éoliens ont vu le jour en Gaspésie, soit Le Plateau (2014), Roncevaux (2016) et Nicolas-Riou (fin 2017), pour un total de
321 MW. Le petit parc éolien Dune-du-Nord sera donc le quatrième. On y installera deux ou trois éoliennes seulement, mais cela suffira à produire le nombre de mégawatts nécessaire.
Les parcs éoliens en opération ont déjà généré des revenus qui ont été redistribués dans la communauté. Grâce à ceux-ci, les Îles ont reçu, en 2016 et en 2017, des montants de
80 000 $. On prévoit déjà qu’en 2018, ce sont plus de 200 000 $ qui seront remis à l’archipel, après la première année d’opération du parc éolien Roncevaux. Les prévisions pour 2019 sont de plus de 700 000 $, après la première année d’opération du parc Nicolas-Riou, qui est le plus important des trois parcs avec 225 MW. Le taux de retour offert aux MRC et aux municipalités est en fonction de la richesse foncière unifiée (RFU) et les Îles représente près de 17% de la RFU de l’ensemble de la région.
Comité de liaison pour le Projet éolien de la Dune-du-Nord
Ce comité consultatif a tenu sa première rencontre en août dernier afin de prendre connaissance de l’état d’avancement du projet ainsi que des études complétées à ce jour.
Le comité de liaison a pour mandat de s’assurer que le projet prend en compte les préoccupations du milieu. Il est axé sur les solutions et orienté vers l’avenir. Il veille à ce que la communauté soit informée, mobilisée et écoutée pour favoriser l’implication locale dans l’ensemble du projet.
Il s’agit d’un groupe qui permet l’échange d’informations et des discussions entre les représentants du milieu et la Régie pour bien suivre l’évolution du dossier. Lorsque le partenaire de la Régie sera connu, au plus tard en mars prochain, ce comité se penchera sur les questions relatives à la construction, l’installation, l’utilisation, l’exploitation et la maintenance du Parc éolien.
Il est composé de douze membres de la communauté:
- Secteur de l’environnement : Marie-Ève Giroux (Attention Frag’Îles), Véronique Déraspe (Société de conservation) et Yves Martinet (Comité ZIP)
- Secteur municipal : Serge Bourgeois (direction de l’urbanisme), Jean-Étienne Solomon (conseiller en stratégie – développement) et Sylvette Leblanc (membre de la Commission sur les enjeux énergétiques)
- Secteur économique : Michel Bonato (Tourisme Îles de la Madeleine). Il y a deux postes vacants dans ce secteur.
- Secteur sociocommunautaire : Brigitte Aucoin (Commission scolaire des Îles) et Marc-Olivier Massé (CERNIM). Il y a un poste vacant dans ce secteur.
Les postes vacants devraient être rapidement comblés avec la collaboration des membres du Comité.
Impacts locaux positifs pour la communauté et pour l’avenir de l’archipel
Ce projet de parc éolien permettra de réduire de 5 % les émissions de GES annuelles totales des Îles, ce qui représente le tiers de l’objectif local en matière de réduction de gaz à effet de serre.
Sa construction s’échelonnera sur une période de trois à six mois, pendant laquelle des équipes de construction seront à l’œuvre.
Le projet Dune-du-Nord sera aussi créateur d’emplois pour maintenir les activités de la centrale et pour l’opération et l’entretien des installations.
En plus des revenus générés par l’exploitation du Parc déjà mentionnés, la municipalité recevra des redevances de 5 000$/MW, soit des revenus annuels de 30 000$. Ces revenus aideront à financer des projets pour la communauté.
Pour d’autres informations, vous pouvez consulter le site de la Régie intermunicipale de l’énergie Gaspésie Îles-de-la-Madeleine.
Source : Magazine LES ÎLES
Photos : Mélanie Bourgeois / Attention FragÎles, Shutterstock, Alain Richard / Attention FragÎles, Lisa-Marie Mongrain Drolet / Attention FragÎles
