Quand l’effervescence se calme, qu’on commence bilans et grand ménage des commerces, marchands et producteurs trouvent du temps pour jaser. Début novembre, je me suis posée aux Îles-de-la-Madeleine dans un décor de fin d’été. L’année 2017 a été, sous plusieurs aspects, une année record. Mentionnons seulement le passage de 70 000 touristes, venus apprécier les richesses de cet archipel où vivent plus de 12 000 habitants. La réputation gourmande des îles n’est plus à faire, mais, que mange un Madelinot en hiver?
En août 2008, à la une de l’hebdomadaire local Le Radar, on peut lire qu’il y aura «traverse à l’année». Jusque-là, les résidents étaient rapidement privés d’aliments frais pendant les mois où le couvert de glace freinait la navigation. Il y avait bien l’avion, mais à quel prix? Aujourd’hui, les traversiers déchargent plusieurs fois par semaine la nourriture issue de la «grande terre», comme du bout du monde. Mais plusieurs se souviennent de l’époque où les caves, comme les entrepôts des épiceries, étaient remplis de denrées, empilées du plancher au plafond. Et l’on pêchait, abattait, cueillait, récoltait avant de canner, saler, sécher, boucaner, mariner et «confiturer». Des tâches répétées par devoir et sans doute aussi par plaisir, puisque les histoires de table et les recettes jaillissent dès qu’on démontre son intérêt.
La suite du texte : CARIBOU – LA CULTURE CULINAIRE QUÉBÉCOISE RAISONNÉE