Portrait inédit de Jean Lapierre, le chroniqueur le plus influent au Québec

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Deux ans et demi après le décès tragique de Jean Lapierre dans un écrasement d’avion aux Îles-de-la-Madeleine, un livre plonge dans l’univers de cet ancien politicien et chroniqueur, et permet de comprendre les secrets de son succès grâce aux confessions de ses proches et de ses collaborateurs.

Homme du peuple, Jean Lapierre a su toucher pendant sa carrière de près de 40 ans le cœur des Québécois et de ceux qui l’ont côtoyé. C’est ce que dépeint l’ouvrage Salut salut ! qui sort en librairie le 31 octobre.

Livre Jean Lapierre
 Quand il s’est éteint en mars 2016, Jean Lapierre était aimé de tous, autant du public que des fédéralistes et des souverainistes, fait ressortir l’auteure Marianne White.

«J’ai été soufflée par la vague d’amour qui a déferlé après le décès de Jean Lapierre. J’avais envie de comprendre comment son parcours l’a amené à devenir le chroniqueur le plus influent du Québec, comment il a réussi à toucher autant de gens», raconte la journaliste, qui est adjointe au directeur de l’information au Journal de Québec.

Personnalité attachante

L’imposant carnet de contacts que Jean Lapierre a étoffé toute sa vie regorgeait de gens de toutes allégeances, prêts à se confier.

De ses premiers pas en politique à l’adolescence comme organisateur de la plus grande manifestation jamais vue à l’époque dans ses Îles-de-la-Madeleine natale jusqu’à son décès tragique sur ces mêmes terres, Jean Lapierre a réussi à s’allier des gens de tous les horizons grâce à sa personnalité attachante.

«Il n’y a personne qui était à la fois aussi branché sur les libéraux fédéraux, les libéraux provinciaux, le Parti Québécois, le Bloc, la CAQ, le Parti conservateur, le NPD, et qui connaissait en plus l’histoire politique à la fois du Québec et du Canada [autant] que lui», fait d’ailleurs remarquer l’ancien premier ministre Jean Charest dans un passage du livre.

Tantôt drôle, tantôt touchant, le portrait est ponctué d’anecdotes et de nombreux témoignages, dont celui inédit des enfants de Jean Lapierre.

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PHOTO JOEL LEMAY, AGENCE QMI Paul Larocque, Animateur et ami proche de Lapierre

Un parcours atypique

Salut salut ! retrace le parcours atypique de ce travailleur acharné qui, en campagne électorale, pouvait serrer des centaines de mains chaque jour.

En 10 ans, il a été un des plus jeunes chefs de cabinet, un des plus jeunes députés et le plus jeune ministre à Ottawa dans le gouvernement libéral de John Turner.

Ce fédéraliste, qui a flirté avec les souverainistes quand il a cofondé le Bloc québécois avec Lucien Bouchard, aurait même voté OUI lors du référendum de 1995, soutiennent certains de ses amis dans le livre.

Puis, après un premier passage dans les médias, Lapierre revient une deuxième fois au Parti libéral en 2004 par loyauté envers Paul Martin. Il sera son ministre des Transports et lieutenant du Québec, affrontant la tempête que sera pour le Parti libéral le «scandale des commandites». Comme toujours, Jean Lapierre était à l’avant-scène.

Le livre illustre que ses années en politique vont enrichir son travail de chroniqueur et l’amener à se démarquer grâce à son sens de l’humour et ses expressions colorées bien présentes au fil des pages.

Des employés de cabinet ministériel au citoyen peu intéressé à la politique, Lapierre savait parler à tous, rappellent les gens interviewés.

«La connexion qu’il avait avec les Québécois était unique. Je n’ai jamais vu personne autant au diapason avec le commun des mortels. Et Jean faisait appel à l’intelligence des gens, ce n’était pas seulement de l’émotion. Il parvenait à expliquer des choses complexes», ajoute en entrevue avec Le Journal le grand ami de Jean Lapierre et chef d’antenne de TVA, Paul Larocque.

Ce dernier, qui signe la préface du livre, y voit «un devoir de mémoire».

À la lecture, on comprend que les scoops et les anecdotes récoltés à gauche et à droite par le coloré chroniqueur manquent aujourd’hui cruellement aux milliers de personnes qui l’écoutaient chaque jour.

Quelle expression bien à lui aurait-il trouvée pour raconter l’élection de la CAQ? Nul ne le sait, mais elle aurait assurément faire sourire.

Le livre Salut salut ! ­Jean Lapierre, un homme du peuple sera disponible en librairie dès le mercredi 31 octobre.

UNE SOIXANTAINE DE TÉMOIGNAGES RECUEILLIS

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PHOTO STEVENS LEBLANC La journaliste Marianne White présente son premier livre, un portrait touchant de Jean Lapierre.

Dresser le portrait d’un homme aimé de tous et disparu de façon aussi inattendue que tragique représente un défi important. Le travail journalistique derrière cette première biographie de Jean Lapierre permet de mieux cerner l’homme et son héritage.

C’est une soixantaine d’entrevues avec des proches et des collaborateurs de Jean Lapierre ainsi qu’un important travail de recherche qui ont permis l’écriture de Salut salut !. L’auteure Marianne White s’est rendue aux Îles-de-la-Madeleine et a notamment lu ou écouté presque toutes les entrevues données par l’homme au fil de sa carrière de près de 40 ans, afin de dépeindre de façon juste le chroniqueur.

«C’est un personnage politique et médiatique riche. Ça reste un défi de brosser le portrait de quelqu’un décédé de façon aussi tragique et qui n’a pas laissé, par exemple, de testament politique. Il ne se confiait pas beaucoup, mais grâce aux témoignages, on est en mesure de mieux comprendre qui il était », explique l’auteure, ajoutant qu’elle cherchait « à ce qu’on sente Jean Lapierre, qu’on entende sa voix et que sa couleur transparaisse dans le livre».

Héritage important

L’héritage de Jean Lapierre est également mis de l’avant dans l’ouvrage. Après s’être ouvert avec son décès tragique et sa carrière professionnelle, le livre se conclut sur une série de lettres adressées personnellement à l’ancien politicien et analyste.

Écrites par des gens de tous les horizons qui ont croisé l’homme à un moment ou un autre de leur vie, les lettres sont un hommage à l’influence qu’il aura eue sur leur parcours autant professionnel que personnel. Des élus libéraux, caquistes et péquistes ont notamment accepté de se confier, preuve que les amitiés de Jean Lapierre transcendaient les lignes de parti.

«Ça permet de terminer le livre sur une note positive, de voir ce qu’il a laissé comme héritage. Ces lettres témoignent du rôle important qu’il a joué pour beaucoup de personnes. Il n’hésitait jamais à donner un coup de pouce, il était toujours là», raconte Marianne White, insistant sur cette loyauté que tous ont saluée.


DES LETTRES TOUCHANTES

Trois élus de trois partis politiques distincts ont accepté de témoigner de l’impact qu’a eu Jean Lapierre sur leur vie dans le cadre du livre Salut salut !. Voici des extraits de la lettre qu’ils ont adressée à leur mentor.

«Après avoir été choisi candidat du PLQ en 2013, j’ai participé à ma première rencontre du caucus. Je ne sais trop pourquoi, mais la première fois, j’étais un peu intimidé. Pendant les dix premières minutes, trois futurs collègues m’ont apostrophé, tous avec un grand sourire : “C’est toi, Fortin? Jean Lapierre m’a beaucoup parlé de toi!” À ma grande surprise, avant même que j’arrive à Québec, tu avais préparé le terrain. Auprès de collègues, de commentateurs que je ne connaissais pas, tu m’avais bâti une réputation qui me sert encore aujourd’hui. Merci, Jean.»

– André Fortin, Parti libéral


«Jean, tu as été là pour me guider dans ma carrière politique, pour me protéger, pour m’écouter et pour m’aider à trouver un équilibre dans ma vie personnelle. Je pouvais tout te dire et tu te faisais un point d’honneur de tout garder pour toi et de répondre “présent” quand je t’appelais. Tu as bien pris le temps de me faire comprendre que la famille est plus importante que tout. Au moment où j’écris cette lettre, j’ai les yeux pleins d’eau.»

– François Bonnardel, Coalition avenir Québec


«Je retiens aussi ton intérêt sincère pour le monde, intérêt qui se manifestait par un désir irrépressible d’aller jaser au centre commercial, au lieu de suivre les conférences de presse officielles. Tu faisais campagne en permanence pour que les Québécois s’approprient la politique et la comprennent. Une noble tâche que tu as réussie avec brio.»

– Pascal Bérubé, Parti québécois