Transition énergétique : les Madelinots appelés à se prononcer

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Hydro-Québec amorcera jeudi ses consultations auprès de la population madelinienne au sujet de la transition énergétique dans l’archipel.

 

Pandémie oblige, une plateforme de consultation virtuelle sera lancée, de même qu’un site web informatif pour faire connaître les six différents scénarios énergétiques envisagés par Hydro-Québec pour produire de l’électricité plus verte d’ici 2025.

Tous les Madelinots recevront également un bulletin d’information par la poste et une firme externe entrera en contact avec 750 résidents de l’archipel dans le cadre d’un sondage téléphonique.

«On veut que les gens nous disent quel type d’énergie est acceptable ou non pour eux, quelle est la meilleure solution pour l’approvisionnement en électricité, explique la porte-parole d’Hydro-Québec, Geneviève Cloutier. L’avis des Madelinots est une composante essentielle de notre analyse.»

L’équipe d’Hydro-Québec n’exclut pas se rendre aux Îles-de-la-Madeleine pour consulter directement la population si la situation liée à la COVID-19 s’améliore d’ici le printemps.

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Hydro-Québec veut convertir le réseau électrique de l’archipel d’ici 2025. PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE

Plusieurs scénarios sur la table

Parallèlement au projet de raccordement au réseau hydroélectrique continental par câbles sous-marins, toujours considérée comme «l’option privilégiée» malgré une hausse importante des coûts, Hydro-Québec évalue dorénavant cinq autres scénarios pour assurer la transition énergétique des Madelinots. La fusion de plusieurs types d’énergie est également envisagée.

À la veille du lancement des consultations, Hydro-Québec a donné plus de détails sur chacune des options alternatives qui feront l’objet d’une analyse comparative au cours des prochains mois.

Production éolienne avec stockage

Hydro-Québec envisage la création d’un parc éolien terrestre de 40 mégawatts constitué d’au maximum huit éoliennes, couplé à des batteries de stockage. Cela réduirait de 50 % les émissions de gaz à effet de serre, sans compter la baisse de 13 % qui sera engendrée par le parc éolien de la Dune-du-Nord, dont la mise en service est prévue prochainement.

Deux sites d’implantation sont à l’étude, soit le site de la Dune-du-Nord, où deux éoliennes sont déjà en construction, et les collines de Bassin sur l’île du Havre Aubert.

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Simulation visuelle réalisée par Hydro-Québec pour illustrer l’impact de la présence d’éoliennes dans le paysage de l’île du Havre Aubert. PHOTO : HYDRO-QUÉBEC

Ces nouvelles éoliennes seraient plus puissantes et plus imposantes que celles qui prennent forme à la Dune-du-Nord.

«On peut aller jusqu’à huit éoliennes, mais ça ne veut pas dire que chaque site est assez grand pour recevoir huit éoliennes. On est en train d’analyser cela.» – Geneviève Cloutier, porte-parole d’Hydro-Québec

Une analyse plus sommaire sera également faite pour un parc éolien en mer, pour préciser les coûts d’un tel projet.

La centrale thermique au mazout déjà en place continuerait de fonctionner pour générer le reste de l’électricité à produire.

Production solaire avec stockage

Hydro-Québec étudiera la possibilité de créer un parc solaire de 10 mégawatts jumelé à des batteries de stockage. Un espace équivalent à 35 terrains de football est nécessaire pour la construction d’une telle infrastructure.

Comme il s’agit d’un mode d’énergie intermittent, cette option ne représenterait que 5 % de la consommation d’électricité des Madelinots, et une baisse d’émission des GES (gaz à effet de serre) équivalente.

Quatre sites sont ciblés pour la mise en place d’un parc solaire.

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Hydro-Québec a ciblé quatre sites différents pour installer un parc solaire, soit deux sur l’île du Cap aux Meules, un sur l’île du Havre Aubert et l’autre sur l’île de la Grande Entrée. PHOTO : HYDRO-QUÉBEC

Hydro-Québec jongle également avec la possibilité d’installer des panneaux solaires « décentralisés », c’est-à-dire disséminés sur le territoire. «Nous regardons quel scénario et quel modèle d’affaire pourraient être mis en place afin de favoriser l’intégration de panneaux solaires sur les maisons précise Geneviève Cloutier.

Malgré la production d’énergie solaire, la centrale thermique actuelle continuerait d’être la source principale d’énergie.

Conversion de la centrale thermique existante au gaz naturel liquéfié

Une autre option envisagée est de convertir la centrale thermique au gaz naturel liquéfié. Ce projet nécessiterait un remplacement des moteurs actuels de la centrale thermique existante. Le combustible serait placé dans des conteneurs cryogéniques livrés par bateau et transférés sur des camions jusqu’à la centrale.

Dans ce cas, une baisse de 35 % des gaz à effet de serre est envisagée. Toutefois, ce chiffre ne tient pas en compte le cycle de vie complet du gaz naturel, comme les émanations de CO2 liées à l’extraction du gaz et à son transport. Hydro-Québec affirme qu’une analyse plus poussée sera faite ultérieurement.

Production thermique à la biomasse forestière

La construction d’une nouvelle centrale thermique qui serait alimentée par des granules de bois ou des résidus forestiers bruts sera également analysée. Alors que la centrale thermique actuelle est alimentée par 40 000 mètres cubes de mazout, il faudrait 160 000 mètres cubes de granules de bois ou plus de 400 000 mètres cubes de biomasse brute pour alimenter cette nouvelle centrale.

Sans calculer les émissions de GES liés au transport de la biomasse forestière, Hydro-Québec évalue que cette option ferait décroître de 85 % les émissions de gaz à effet de serre.

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La quantité de biomasse forestière à importer dans l’archipel serait au moins quatre fois supérieure à celle du mazout (archives). PHOTO : RADIO-CANADA

L’utilisation d’un combustible carboneutre

Hydro-Québec se penchera sur différents types de combustibles dits «carboneutres»  pour remplacer partiellement ou totalement l’approvisionnement en mazout de la centrale actuelle. Hydro-Québec cite en exemple «le diesel renouvelable, le méthanol, l’hydrogène et le gaz naturel renouvelable 

«Un combustible est dit carboneutre parce qu’il n’émet pas davantage de CO2 en brûlant que ce qu’il aurait émis en nature lors de sa décomposition naturelle, explique la porte-parole d’Hydro-Québec Geneviève Cloutier. Ce combustible va souvent provenir du règne animal ou végétal.»

«On peut utiliser les gaz qui émanent de la décomposition de matières organiques pour produire un combustible carboneutre.» – Geneviève Cloutier, porte-parole d’Hydro-Québec

«C’est une énergie émergente, admet la porte-parole d’Hydro-Québec, Geneviève Cloutier. Au moment où on se parle, l’approvisionnement est plus ou moins garanti, les prix sont plus ou moins stables. C’est une industrie qui est en développement et on considère qu’elle pourrait être prometteuse dans dix à vingt ans.»

Hydro-Québec précise qu’elle souhaite toujours assurer la transition énergétique d’ici 2025, mais que son analyse comparative s’intéresse aux 40 prochaines années. Ainsi, ce scénario pourrait s’appliquer à plus long terme, en complément d’un autre type d’énergie qui serait mis à place d’ici cinq ans.

Hydro-Québec présentera les résultats des consultations menées auprès des Madelinots en décembre. Le scénario énergétique choisi sera connu en mai 2021.

LA UNE : La centrale thermique au mazout de Cap-aux-Meules génère plus de 125 000 tonnes de gaz à effet de serre (GES) par année. Cela représente 40 % des émissions directes de GES d’Hydro-Québec en 2019. PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE