Rocher aux Oiseaux : une fraction du patrimoine sauvée de la démolition

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La démolition des bâtiments du rocher aux Oiseaux est maintenant terminée. Certains vestiges de l’îlot madelinot chargés d’histoire ont toutefois pu être préservés par le Musée de la Mer.

À l’exception du phare, tous les bâtiments laissés à l’abandon par le gouvernement fédéral depuis 1988 ont été rasés au cours des dernières semaines, à la demande d’Ottawa.

En réaction aux nombreuses voix qui se sont élevées aux Îles-de-la-Madeleine pour s’opposer à la démolition, Pêches et Océans Canada a autorisé l’accès au rocher des Oiseaux à l’équipe du Musée de la Mer, avant et durant les travaux de déconstruction, dans le but de préserver une partie du patrimoine de ce lieu mythique.

Le rocher aux Oiseaux est surnommé la sentinelle du golfe puisque le premier phare des Îles de la Madeleine y a été construit en 1870. De nombreux gardiens de phare y ont habité jusqu’à l’automatisation du phare en 1988. Plusieurs y ont laissé leur vie ou s’y sont blessés. Dans l’imaginaire collectif, une malédiction pèse depuis sur le rocher.

Des objets sauvés de la démolition

Au cours de l’automne, l’équipe du Musée de la Mer s’est rendue à quatre reprises sur l’îlot rocheux de 0,04 kilomètre carré pour récupérer des artéfacts provenant des bâtiments qui se trouvaient dans un état de délabrement avancé.

Une fenêtre et une porte provenant de la maison du gardien de phare ont pu être sauvegardées, de même que des bardeaux de cèdre, des outils, un traîneau servant de civière et quelques objets du quotidien.

Différents artéfacts témoignant de la présence des gardiens de phare sur le rocher ont aussi pu être récupérés.

On a l’intérieur d’une commode qui a été gravé à la main par un des gardiens de phare, explique la responsable de la collection au Musée de la Mer, Natasha Joannis. Il a signé son nom, Dona Devost, et inscrit toutes les années où il est allé sur le rocher.

L’équipe muséale espérait mettre la main sur le criard de brume, mais l’engin n’a finalement pas été retrouvé dans les décombres du hangar qui l’a jadis abrité.

On a perdu sa trace, se désole Natasha Joannis. On ne sait pas s’il a été enlevé du site lors de l’abandon en 1988 ou s’il a été pillé.

D’ailleurs, malgré d’intéressantes trouvailles, Mme Joannis a été surprise du peu d’objets encore présents dans les bâtiments.

Dans la maison du gardien, il ne restait plus rien. On n’a pas retrouvé une seule assiette ni une seule fourchette. Ça avait été vidé complètement. C’était prémédité, l’abandon du site en 1988. On a aussi vu des graffitis dans le sous-sol de la maison. La dernière signature qu’on a vue date de 1997, raconte la responsable de la collection du Musée de la Mer en avançant l’hypothèse que certaines choses auraient pu être pillées au fil du temps.

Immortaliser la présence des bâtiments

Parallèlement à la récupération d’artéfacts, le Musée de la Mer a fait appel à des professionnels de l’image pour capter photos et vidéos des bâtiments du rocher aux Oiseaux avant qu’ils ne soient démolis.

«On a pris des images aériennes du rocher dans l’hélicoptère, mais aussi sur place. On a tourné en 360 degrés toutes les pièces de la maison du gardien de phare.» – Natasha Joannis, responsable de la collection du Musée de la Mer

La directrice intérimaire du Musée de la Mer, Monica Thériault, songe déjà à développer une exposition virtuelle pour valoriser le patrimoine bâti du rocher, malgré sa démolition.

On est en train de réfléchir à la manière dont on pourrait utiliser les images et les artéfacts pour rendre accessible au public l’histoire du rocher aux Oiseaux, que ce soit dans le cadre d’une exposition physique ou virtuelle, explique-t-elle en précisant que les artéfacts pourraient être mis en valeur lors du renouvellement de l’exposition permanente du musée prévue en 2023.

Malgré la sauvegarde d’une fraction du patrimoine, Monica Thériault se désole que tous les bâtiments entourant le phare soient maintenant disparus.

LA UNE : Le rocher aux Oiseaux est situé à 32 km au nord-est de Grosse-Île, isolé au cœur du golfe du Saint-Laurent (archives). PHOTO : JAMES GRAY