Rhéal Cormier: l’Acadie pleure le départ d’un très grand athlète

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Le décès de Rhéal Cormier est un jour triste pour les amateurs de baseball du Nouveau-Brunswick. Le gaucher de Saint-André-Leblanc figure parmi les plus grands athlètes de la province en compagnie des Yvon Durelle, Willie O’Ree, Ron Turcotte, Gordie Drillon, Danny Grant, Marianne Limpert, Jean-Yves Thériault et Matt Stairs.

Pour Cléo Godin, son ancien coéquipier chez les Mets de Moncton, Rhéal Cormier se démarquait par son désir de réussir.

«Je n’ai pas été surpris que Rhéal se rende jusqu’aux Majeures. Très jeune, on pouvait voir qu’il était très bon. Le fait qu’il était gaucher était un atout, mais il a quand même fait les sacrifices pour y arriver. C’était un athlète très compétitif. Je me souviens aussi de sa constance. Je l’ai rarement vu effectuer une mauvaise sortie. Et quand un frappeur avait du succès contre lui ou qu’il ratait un lancer, il était capable d’oublier ça tout de suite», raconte Cléo Godin avec émotion.

«Nous étions quatre Acadiens avec les Mets quand Rhéal y était et nous nous tenions tous ensemble dans l’autobus quand nous allions jouer sur la route. Il y avait bien sûr Rhéal et son frère Donald, moi et Dino Gallant. Mais souvent, il y avait aussi Bill Lee qui venait s’asseoir avec nous. Bill était curieux d’apprendre l’histoire des Acadiens. Bill aimait beaucoup Rhéal. Je crois qu’il avait rapidement senti que le jeune avait un réel potentiel», confie-t-il.

Cléo Godin se souvient encore fort bien de la fois qu’il était allé voir lancer Rhéal au Stade olympique de Montréal avec sa conjointe Monique et ses enfants Jean-Luc et Philippe.

«Le plan était d’arriver pour l’entraînement d’avant-match, mais nous sommes malheureusement arrivés en retard. Nous sommes quand même arrivés avant le match et aussitôt que j’ai pu joindre Rhéal, il m’a dit de venir le rejoindre et qu’il allait prévenir le gars de la sécurité de nous laisser passer. Pedro Martinez était avec lui et nous avons eu le temps de discuter un bout de temps avec eux. Rhéal et Pedro ont même autographié des balles que mes deux fils ont encore aujourd’hui», dit-il.

«Rhéal c’était un gars fidèle en amitié. Quand il te disait quelque chose, il tenait parole. C’était tellement une bonne personne C’était aussi un gars tranquille. Il n’était pas le genre à jouer des tours, mais il s’entendait bien avec tout le monde. C’était un bon gars de gang. Il a été un grand athlète», ajoute Cléo Godin.

C’était notre joueur

Lors de son retour avec les Mets en 2008, alors que Rhéal se préparait en fonction des Jeux olympiques, son neveu Pat Godin a également eu la chance de jouer en compagnie du célèbre gaucher. Il avait d’ailleurs une anecdote qui décrit assez bien quel genre d’individu était Cormier.

«C’était pendant le week-end du match des étoiles du Baseball majeur et j’avais invité tous les gars de l’équipe à venir écouter le concours des coups de circuit à la maison. Rhéal était venu. Dès son arrivée, il a mis une enveloppe sur l’îlot dans la cuisine et il m’a demandé d’attendre à plus tard avant de l’ouvrir. Quand tout le monde est parti, j’ai ouvert l’enveloppe ou j’ai trouvé un message et la somme de 800$. Je ne sais pas comment il avait appris ça, mais il y avait à Beresford une collecte de fonds afin d’acheter un véhicule adapté au transport de ma mère qui était en fauteuil roulant. Rhéal avait simplement écrit qu’il espérait que cette somme allait aider ma mère», révèle Pat Godin.

«Ça, c’est le Rhéal Cormier que j’ai appris à connaître en 2008. Je me considère chanceux d’avoir pu jouer un été avec lui. Le gars a joué 16 ans dans les Ligues majeures. Il a connu une carrière impressionnante. Il a fait partie d’un trio de Néo-Brunswickois qui ont joué en même temps dans les Majeures avec Matt Stairs et Jason Dickson. Mais le fait que Rhéal était un Acadien le rendait encore plus spécial à nos yeux. C’était notre joueur. Son décès est un jour triste pour les Acadiens», souligne Pat Godin.

Keith Coughlan a de son côté eu la chance de diriger Rhéal Cormier en 1985 à l’occasion des Jeux d’été du Canada présentés à Saint-Jean. Coughlan et Rod Wilson étaient les adjoints de l’entraîneur-chef Greg Morris.

«Comme les Jeux avaient lieu au Nouveau-Brunswick, un programme de quatre ans avait été mis sur pied afin de bien préparer le club. En 1985, les gars de l’équipe étaient tous là depuis trois ou quatre ans. Mais cet été-là, par contre, nous avions décidé d’ajouter un autre jeune, soit Rhéal Cormier. Et même s’il était le plus jeune de l’équipe, c’est lui qui avait été notre meilleur lanceur dans le tournoi», indique Coughlan.

«C’est un jeune qui s’est développé ici et qui a connu une carrière exceptionnelle. Ce gars-là a même réussi une saison de huit victoires et aucune défaite tout en maintenant une moyenne de points mérités de 1,70. Je n’ai aucun problème à le citer dans une même phrase avec des grands athlètes acadiens comme Yvon Durelle et Ron Turcotte», insiste Coughlan. (NDLR – Cormier a réalisé cette saison de 8-0 en 2003 à l’âge de 36 ans avec les Phillies de Philadelphie).

Une vie exceptionnelle

Membre du Temple de la renommée de Baseball Nouveau-Brunswick, Jean-Guy Robichaud dit avoir connu Rhéal Cormier au milieu des années 1980 à l’époque des Mets de Moncton, équipe dans laquelle évoluait aussi Bill Lee.

«Ce que je retiens c’est qu’il a su durer et qu’il a été constant toute sa carrière. C’était un athlète tenace et d’une grande simplicité. Il était typique des Acadiens de la région de Cap-Pelé. Un gars très généreux et d’une grande amabilité. Je me souviens qu’il était venu à Caraquet peu de temps après ses débuts dans les Majeures et il était venu rencontrer ma classe d’éducation physique. Il avait finalement passé une heure avec mes élèves. Ce n’était pas rien de percer l’alignement d’un club de prestige comme les Cardinals de St-Louis. Rhéal Cormier a vécu une vie exceptionnelle», témoigne Jean-Guy Robichaud.

Développé au N.-B.

Le commissaire de la zone 7 de Baseball NB, Daniel Roussel, était sous le choc lorsque joint au téléphone.

«C’est ma femme qui m’a appris la nouvelle lorsqu’elle m’a envoyé un texto alors que j’étais en train de placer un logiciel dans mon ordinateur. J’ai seulement pu lui répondre: “Hein?” Rhéal Cormier a joué 16 ans dans les Majeures. Il n’a pas été là de passage. C’est un Acadien qui s’est développé ici avec les moyens du bord. C’est son talent qui l’a mené dans les Ligues majeures. Je l’ai vu lancer pour la première fois quand il jouait junior lors des Championnats de l’Atlantique. Je me souviens que l’équipe avait aussi eu le droit de rappeler Matt Stairs pour ce tournoi. Tu pouvais voir que ces deux gars-là étaient spéciaux. J’ai également vu lancer Rhéal avec les Mets et je l’ai regardé souvent lancer à la télévision quand il était dans les Majeures. C’est triste de perdre un athlète comme ça aussi jeune», affirme Roussel.

Un joueur reconnaissant

L’ancienne vedette de baseball senior Derek Wilson était lui aussi sous le choc.

«C’est une très triste nouvelle. Rhéal était non seulement un grand joueur, mais également une bonne personne. Il a été un joueur important pour notre ligue même s’il n’est pas resté longtemps. Je me souviens de l’avoir affronté alors que je jouais pour les Ironman de Chatham. Il m’avait retiré sur élan. Après le match, il était venu me voir pour me dire qu’il respectait mes habiletés au marbre et il m’a avoué qu’il avait mis un petit extra de plus pour le dernier tir. Ça peut paraître insignifiant comme conversation, mais moi j’avais grandement apprécié son approche», raconte Wilson.

«Mon père Rod l’a revu quand il est revenu dans la ligue en 2008 et même si c’était la première fois qu’ils se voyaient depuis 20 ans, Rhéal s’est approché de mon père pour lui donner un gros câlin aussitôt qu’il l’a vu. Ça en dit long sur le genre de personne qu’est Rhéal. Il a tenu à remercier mon père pour l’impact qu’il avait eu sur lui en tant que joueur avant qu’il ne fasse le saut dans le baseball professionnel», ajoute Derek Wilson.

Un grand athlète

L’ancien lanceur des Ligues majeures Jason Dickson était on ne peut plus triste d’apprendre le décès de celui qu’il considérait comme un bon ami.

«Je savais qu’il était malade, mais pas à ce point. C’est vraiment très triste de le perdre à un si jeune âge. Rhéal était quelqu’un de tellement humble. Il était aussi d’une très grande gentillesse. Les gens n’ont pas idée à quel point il était un bon joueur de baseball. Tu ne joues pas aussi longtemps dans les Majeures sans être un grand joueur. Dans mon cas, Rhéal a joué un grand rôle dans mon développement. Comme il était un peu plus âgé que moi, de le voir atteindre les Majeures m’a permis d’y croire à mon tour», confie Dickson.

«Je n’ai malheureusement pas eu la chance de l’affronter dans un match dans les Majeures. D’abord parce qu’il a surtout joué dans la Ligue nationale. Mais en 2000, alors qu’il évoluait pour les Red Sox de Boston et moi pour les Angels d’Anaheim, je me souviens d’une fois où nous avions pu discuter avant le match. Il avait été très gentil en me donnant quelques conseils», se rappelle Dickson.

Et ambassadeur

Robert Landry, qui est membre du Temple de la renommée de Baseball Nouveau-Brunswick, estime que l’Acadie vient de perdre l’un ses plus grands ambassadeurs.

«C’était gros pour nous de voir un gars d’ici atteindre les Majeures. Rhéal sera toujours pour nous le gars qui a réussi. Il avait un rêve et il y est arrivé à force de travail. Il fait partie des athlètes avec les Ron Turcotte et Yvon Durelle qui ont réussi à mettre l’Acadie sur la mappe. Il est certainement l’un de nos plus grands. C’est cruel de le perdre aussi jeune. La vie est vraiment fragile», révèle Robert Landry.

 

LA UNE : RHÉAL CORMIER EN 2001. – AP/RUSTY KENNEDY