Un carrefour d’innovation en pêches et aquaculture verra le jour chez Merinov, à Grande-Rivière, en Gaspésie. Le gouvernement du Québec a annoncé un investissement de 17,3 millions pour doubler la superficie des installations de l’organisme, permettant à Merinov d’accélérer ses projets de recherche.
Grâce à cet important investissement, une vingtaine d’emplois seront créés, et Merinov pourra accueillir davantage de chercheurs, d’étudiants, de pêcheurs et d’entrepreneurs. «C’est une excellente nouvelle. Ça va nous permettre d’outiller les entreprises afin de les rendre encore plus compétitives», se réjouit le directeur général de Merinov, David Courtemanche.
Concrètement, l’organisme compte mettre en place cinq nouvelles plateformes pour la recherche. On construira notamment une salle d’élevage piscicole avec des technologies de traitement des effluents plus moderne, des laboratoires humides pour l’élevage de nouvelles espèces d’algues, une micro-usine afin de valoriser des algues et des coproduits marins ainsi que des laboratoires d’écophysiologie et de biologie de pointe. La somme permettra aussi à Merinov d’offrir des ateliers de design et de conception d’engins de pêches durables.
Merinov devient aussi propriétaire du Carrefour national de l’aquaculture et des pêches (CANAP), qui appartenait jusque-là au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). L’espace sera rénové pour répondre aux exigences internationales. Grâce à cette acquisition et la construction de nouveaux laboratoires, Merinov compte doubler sa superficie.
«Un exemple» d’occupation du territoire
Le maire de Grande-Rivière Gino Cyr, qui a piloté le projet en coulisses, est emballé par l’annonce. «C’est clair qu’on est très heureux. On parle d’un projet de 20 millions dans notre milieu. On contribue au développement, à l’avenir. C’est avec des projets comme ça qu’on va pouvoir permettre à nos jeunes de travailler chez eux, en Gaspésie», soutient-il
Pour la ministre déléguée au Développement économique régional, Marie-Ève Proulx, l’annonce d’un tel investissement dans une municipalité de 3400 habitants est un exemple de la priorité gouvernementale pour l’occupation du territoire.
«Qu’un projet de ce calibre puisse voir le jour dans une municipalité plus rurale est une excellente nouvelle. Je sais que plusieurs autres municipalités vous envient !», a lancé celle qui était ministre responsable de la Gaspésie jusqu’à tout récemment, ajoutant «qu’elle citait régulièrement Merinov comme exemple».
Les pêcheries comme un secteur d’avenir
«On voit que le gouvernement commence à voir les pêches autrement. On ne voit plus ça comme quelque chose de traditionnel, mais comme un secteur de l’avenir. C’est un créneau terriblement important et Québec l’a senti», se réjouit le maire de la municipalité voisine de Sainte-Thérèse-de-Gaspé, Roberto Blondin.
Même si les investissements se concentrent à Grande-Rivière, tout le secteur des pêcheries en profitera, croit-il. «À nos deux municipalités, on est le plus grand port de débarquement de produits marins du Québec. Nos industries sont interreliées. Si on veut développer les pêches, ça nous prend un hub d’innovation pour réunir nos forces, c’était une nécessité.», note le maire.
«Des munitions supplémentaires» pour demander à Ottawa d’agir
Même s’il s’agit de deux projets indépendants, plusieurs acteurs du milieu des pêches croient que l’investissement chez Merinov donnera l’élan nécessaire pour que le gouvernement fédéral aille de l’avant avec le projet d’agrandissement du parc d’hivernement adjacent.
Élus locaux, associations de pêcheurs et entreprises demandent à Ottawa d’élargir les critères du Fonds des pêches, un programme spécifique pour le Québec dans lequel le projet de Grande-Rivière ne cadre pas.
«L’annonce d’aujourd’hui ne peut qu’inviter le partenaire fédéral à agir», a commenté le ministre du MAPAQ, André Lamontagne. «C’est un signal qu’on envoie au gouvernement fédéral. C’est clair qu’il y a une certaine pression qui vient avec ça. Ça nous donne des munitions additionnelles», a-t-il ajouté.
«Le parc d’hivernement fait partie de nos dossiers structurants. Ne pas profiter des travaux chez Merinov pour s’occuper de ce dossier, ça serait une occasion ratée», juge le maire de Grande-Rivière.
L’élu est tout de même confiant de voir le dossier évoluer, surtout depuis qu’il a mis la main sur une lettre du ministre Lamontagne adressée à la ministre de Pêches et Océans Canada, Bernadette Jordan. «On demande à la ministre d’ouvrir les paramètres, et notre projet est mentionné comme un exemple de projet important. Que le provincial prenne position de la sorte, c’est très positif», conclut-il.
Les travaux chez Merinov devraient débuter en 2022.
LA UNE :La municipalité de Grande-Rivière est particulièrement liée à l’industrie de la pêche
PAR Simon Carmichael | Initiative de journalisme local – APF – Atlantique