Des voix s’élèvent contre Loi américaine sur la protection des mammifères marins

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L’Association des chasseurs de phoques intra-Québec (ACPIQ) craint que la politique américaine de protection des mammifères marins devienne un obstacle à l’utilisation des abats du phoque comme appâts pour la pêche aux crustacés.

Le responsable de l’ACPIQ, Gil Thériault, explique que les chasseurs madelinots ont reçu en décembre un avis du directeur principal de la gestion des ressources de Pêches et Océans Canada les informant que  l’interdiction d’abattre intentionnellement un mammifère marin, sous le Marine Mammal Protection Act inclut l’interdiction de leur utilisation en tant qu’appât pour les pêches commerciales, «l’interdiction d’abattre intentionnellement un mammifère marin, sous le Marine Mammal Protection Act (MMPA) inclut l’interdiction de leur utilisation en tant qu’appât pour les pêches commerciales.»

Dans cette perspective, le homard des Îles appâté avec des restes de viande de phoque ne pourrait pas être vendu et exporté aux États-Unis.

L’Association s’interroge sur les fondements scientifiques du Marine Mammal Protection Act. Il est grand temps que ce règlement américain soit scientifiquement remis en question par le Canada , affirme Yoanis Menge, président de l’ACPIQ.

De la recherche sur les appâts

Depuis quelques années, l’ACPIQ étudie avec le centre de recherche Merinov le meilleur moyen d’utiliser des parties moins nobles du phoque comme les abats pour remplacer les appâts traditionnels. L’Association estime que les tests ont prouvé l’efficacité de ce type d’appât.

Capture d’écran, le 2023-01-24 à 09.18.54

Pour le directeur de l’ACPIQ, l’utilisation de viande pour fabriquer des appâts est une solution parfaite dans un contexte où les espèces historiquement utilisées, comme le maquereau, le hareng ou la limande, sont en déclin.

L’Association voit de nombreux avantages environnementaux à transformer du phoque en appât, dont la réduction des émissions de carbone, une diminution des coûts grâce à l’approvisionnement de proximité ainsi que la valorisation complète de la ressource.

Gil Thériault rappelle que les troupeaux de phoques gris et de phoques de l’Atlantique sont en surabondance dans le golfe.

Les scientifiques, dit-il, ont aussi démontré que cette présence était une des causes principales de déclin d’espèces comme la limande à queue jaune ou la plie rouge qui servent d’appât. La prédation du phoque est aussi un des obstacles au rétablissement de population comme la morue du sud du golfe.

 

Capture d’écran, le 2023-01-24 à 09.19.05

À terme, selon M. Thériault, une récolte de phoques plus abondante contribuerait à un meilleur contrôle des populations ce qui pourrait aider au rétablissement de certaines espèces de poissons.

La réponse des Américains le déçoit.

Contre la biodiversité

Gil Thériault considère que la Loi américaine sur la protection des mammifères marins va à l’encontre d’une protection de la biodiversité. Les Américains n’ont aucun problème qu’on prenne du hareng et du maquereau ou de la plie de n’importe où, de l’Espagne ou de Taïwan ou de Thaïlande, sans savoir l’état des stocks, sans savoir comment c’est pêché, rien sur la trace carbone. C’est notre argent qui va à l’étranger , relève M. Thériault.

Ce dernier renchérit en associant la loi américaine à un outil politique destiné à satisfaire les militants animalistes. C’est de la politique basée sur le nombre de votes que tu vas pouvoir aller te chercher en faisant plaisir aux activistes.

Il croit que la loi devrait inclure une clause qui exclut les troupeaux de phoques dont la population est en explosion comme c’est le cas en Alaska, dans l’ouest et dans l’est du Canada.

Un élan pour la chasse

Aux Îles, malgré les ambitions de l’industrie, la chasse aux phoques tarde à reprendre son élan.

Pour le porte-parole de l’Association, les chasseurs de phoque ont besoin d’une source de revenus comme celle des appâts. Financièrement, ça vaut la peine de sortir pour la chasse aux phoques. Un phoque complet qui sera mis juste en appât, il vaut plus cher que ce qui n’a jamais été payé dans les dernières années. 

M. Thériault estime que la possibilité de transformer le phoque en appât inciterait les chasseurs à se tourner à nouveau vers la chasse. Des débarquements plus nombreux et plus stables viendraient régler les problèmes d’approvisionnement de l’industrie qui souhaite aussi commercialiser l’huile, la viande et la peau.

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La troisième chasse scientifique au phoque gris s’ouvrait d’ailleurs lundi sur l’île Brion, une île de l’archipel madelinot, classée réserve écologique.

La chasse se déroulera sous le regard des scientifiques de l’Université Laval mandatés pour étudier l’impact de la présence des chasseurs et du troupeau de phoque gris sur l’écosystème de l’île Brion.

Interrogée sur son orientation sur l’utilisation de la viande de phoque comme appât pour la pêche aux crustacés, Pêches et Océans Canada n’avait pas répondu à nos questions au moment de la publication de cet article.

LA UNE : La population de phoques gris en Atlantique est passée de 8000 individus en 1960 à 400 000 aujourd’hui. (Photo d’archives). PHOTO : GRACIEUSETÉ DE DAMIAN LIDGARD, OCEAN TRACKING NETWORK

PAR Joane Bérubé avec la collaboration d’Isabelle Larose