À quand des bateaux électriques pour les pêcheurs de homard?

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L’organisme écologiste Oceans North soutient qu’une bonne partie des pêcheurs de homards pourraient utiliser des moteurs électriques, dans un rapport publié en septembre. Toutefois, l’offre de bateaux équipés de cette technologie est faible pour l’instant.

La plupart des bateaux de pêcheurs de homard fonctionnent au diesel, un carburant cher et polluant. Ceux de la flotte de Nouvelle-Écosse rejettent 82 millions de kilogrammes d’émissions de carbone par an, l’équivalent de 16 000 à 35 000 voitures, selon l’organisme sans but lucratif Oceans North.

L’association écologiste ontarienne a donc écrit un rapport sur la possibilité d’utiliser des moteurs électriques dans cette industrie. Elle a collaboré avec des architectes navals, des experts des systèmes d’énergie, des ingénieurs, des constructeurs de bateaux et des pêcheurs.

La conclusion du document publié en septembre est qu’environ 2300 bateaux de pêche aux homards sur 3278 sont de bons candidats à l’électrification en Nouvelle-Écosse. Leurs capitaines naviguent en effet dans un rayon de 20 kilomètres autour de leur port d’attache pendant 70% des saisons de pêche.

L’équipe d’Oceans North précise que la taille de nombreux navires de pêche aux homards leur permet de contenir des batteries de 500 kilowatts-heures. Elle ajoute toutefois que les coques existantes manquent parfois d’espace et d’efficacité.

Investissement rentable

L’organisme constate aussi qu’un moteur électrique requiert un investissement initial deux fois plus élevé qu’un moteur diesel. Cependant, il pointe les économies que cet achat provoque ensuite. Celles-ci permettent au propriétaire d’un bateau de 43 pieds de rentabiliser l’électrification après 11 ans, puis d’économiser 94000$ au bout de 20 ans (la durée de vie des moteurs).

Oceans North admet avoir simplifié son analyse des coûts. Pour être complète, celle-ci nécessiterait la prise en compte du prix d’une coque efficace, mais aussi de l’augmentation des tarifs du diesel et de la taxation du carbone, ainsi que de l’ajout d’incitatifs, par exemple.

«On s’attend à ce que les incitatifs jouent un grand rôle en aidant à réduire le fossé entre les investissements initiaux pour le diesel et pour les technologies à zéro émission», note d’ailleurs Oceans North.

L’association déplore toutefois l’absence de stratégie pour la transition énergétique de l’industrie de la pêche au Canada. Elle souligne que l’usage de bateaux électriques réduirait la pollution de l’air et la pollution sonore sous-marine.

«Les commentaires de ceux qui ont commandé des navires électriques sont positifs, rapporte Oceans North. En premier lieu, il y a beaucoup moins de bruit. En second lieu, ça élimine les gaz d’échappement, qui sont courants avec les moteurs diesel.»

Prix élevé

Le directeur des recherches scientifiques de l’Union des pêcheurs des Maritimes (UPM), Pierre Dupuis, croit que des membres de son organisation pourraient s’intéresser aux moteurs électriques, s’ils sont rentables à partir de 11 ans d’utilisation.

«Il faut regarder si l’infrastructure existe pour charger les batteries, fait-il toutefois remarquer. Ça va aussi dépendre de la santé de l’industrie. Un pêcheur vit un peu au jour le jour. Ses revenus ne sont jamais garantis. Parfois, il a donc de la misère à investir dans des projets plus dispendieux que d’habitude.»

M. Dupuis pense que les prix des moteurs électriques devraient être un peu plus compétitifs et que des incitatifs devraient faciliter leur achat.

«Sur le marché, il n’y a pas d’option prête, pointe-t-il également. Les possibilités dans le secteur de la pêche existent encore seulement à petite échelle.»

Offre néo-écossaise

L’entreprise néo-écossaise Glas Ocean propose des solutions d’électrification de navires de pêche. Son équipe les aura bientôt appliquées sur trois bateaux.

«L’industrie de la pêche au Nouveau-Brunswick pourrait être un marché pour nous, indique la présidente de l’entreprise, Sue Molloy. Je ne crois pas que quiconque autre que nous ait une solution commercialisable pour elle dès maintenant.»

L’experte en propulsion navale pense néanmoins que le secteur maritime utilisera de plus en plus de moteurs électriques. Elle fait valoir le grand intérêt pour la transition énergétique qui existe déjà concernant les gros vaisseaux et les embarcations de plaisance.

«Je crois que les pêcheurs vont trouver que les solutions que nous pouvons offrir sont compatibles avec leurs besoins financiers et leurs objectifs de performances», assure Mme Molloy.

 

LA UNE : Dessin d’un bateau de pêche aux homards par l’entreprise d’ingénierie navale Allswater. – Gracieuseté.
Par Cédric Thévenin