Les créatures cauchemardesques du Saint-Laurent

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strong>En ce jour de l’Halloween, découvrez quelques créatures terrifiantes qui habitent le Saint-Laurent.

Si on vous disait que dans les abysses des eaux glaciales et sombres du Saint-Laurent errent des monstres à donner froid dans le dos? Qu’il existe des prédateurs capables de leurrer leurs victimes, de sucer leur sang et de broyer leurs os? Plongez dans les profondeurs de l’estuaire et du golfe pour découvrir ces créatures.

La lamproie marine, vampire sanguinaire

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La lamproie marine opte pour une méthode de chasse plutôt sanguinaire : elle s’abreuve du sang de ses victimes.

Grâce à sa bouche tapissée de dents acérées et à sa langue râpeuse, ce parasite se colle sur n’importe quel poisson qui ose s’approcher de lui. La lamproie gratte ensuite la peau et le muscle de sa proie avec sa langue. Sa salive anticoagulante empêchera le sang de sa victime de se figer, pour en faciliter la consommation. Une fois satisfaite, la lamproie marine laisse un trou béant sur sa proie.

Ce poisson, qui vit à l’année dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent, serait apparu il y a plus de 400 millions d’années. C’est dans les plus vieux animaux terrestres qu’on connaisse, souligne le biologiste et responsable de la collection vivante à Exploramer, Mathieu Lemonde-Landry.

La lamproie marine peut mesurer jusqu’à un mètre de longueur.

Elle est aussi classée chez les poissons anadromes, à l’image du saumon. Elle naît dans l’eau douce des rivières, passe sa vie adulte en eau salée et retourne frayer en eau douce, détaille le biologiste.

Lorsque juvéniles, les lamproies marines demeurent enterrées dans le substrat des rivières et filtrent l’eau en mangeant des micro-organismes. Ce n’est qu’une fois dans le Saint-Laurent qu’elle se transforme en ce parasite sanguinaire.


La tortue luth et ses dents de la mer

La tortue luth est la plus grande tortue marine au monde. Elle mesure parfois près de deux mètres de longueur et peut peser en moyenne 600 kilogrammes. Bien qu’elle semble avoir une bouille sympathique, attendez qu’elle ouvre sa gueule pour vous montrer sa dentition.

La tortue luth a une gueule digne d’un film d’horreur, décrit le biologiste d’Exploramer.

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Sa grande bouche, recouverte de pics jusque dans l’œsophage, est parfaitement adaptée pour déchiqueter sa proie préférée : la méduse. % d’eau. Ça bouge beaucoup, c’est dur à attraper et à agripper. Les petits pics permettent vraiment de la maintenir en place et de l’avaler","text":"Les méduses sont composées d'environ 90% d’eau. Ça bouge beaucoup, c’est dur à attraper et à agripper. Les petits pics permettent vraiment de la maintenir en place et de l’avaler"}}">Les méduses sont composées d’environ 90 % d’eau. Ça bouge beaucoup, c’est dur à attraper et à agripper. Les petits pics permettent vraiment de la maintenir en place et de l’avaler, indique M. Lemonde-Landry.

En une journée, la tortue luth peut manger l’équivalent de son poids en méduse.

Elle visite les eaux riches du golfe du Saint-Laurent en été avant de migrer vers le sud de l’Atlantique. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) l’a classée sur sa liste rouge. Elle est considérée en danger critique d’extinction.


La baudroie d’Amérique, fantôme des bas-fonds

Dans les profondeurs du golfe du Saint-Laurent et de l’estuaire maritime, la baudroie d’Amérique se prépare minutieusement à chasser.

Ce poisson aplati d’un mètre de longueur ne passe pas inaperçu. C’est pourquoi il commence par s’enterrer partiellement dans le fond sableux en attendant sa proie.

Toutefois, cachée à des profondeurs allant jusqu’à 700 mètres, où les animaux sont parfois plus rares, la baudroie d’Amérique doit leurrer ses proies.

À l’extrémité de sa nageoire pend un petit bout de chair qu’elle agitera au-dessus de sa tête pour attirer les poissons un peu trop curieux. À moitié ensevelie, presque indétectable comme un fantôme, elle attend. Une fois sa proie repérée, elle ouvrira sa gueule à une vitesse telle qu’elle créera un effet de succion. Le poisson n’a aucune chance, il est aspiré vers sa mort.

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Ce sont des poissons très voraces qui sont capables de manger tout ce qui passe, alors ils ne sont pas difficiles. On a même déjà retrouvé des oiseaux marins dans leur estomac, révèle M. Lemonde-Landry. Un oiseau comme un fou de Bassan par exemple, qui plonge, et qui s’approche un peu trop près, n’est pas à l’abri de de se faire attraper.

Selon Pêches et Océans Canada, la baudroie d’Amérique peut vivre jusqu’à 11 ans.


La morsure du ver de mer

En marchant sur les plages de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent, prenez garde en soulevant les roches. Des vers géants dont l’apparence rappelle les mille-pattes pourraient rôder dans le sable. Mais attention, un mille-pattes canadien mesure jusqu’à cinq centimètres. Les vers marins, eux, peuvent dépasser les 30 centimètres.

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En plus de sa taille impressionnante, le ver marin néréis, aussi appelé Allita virens, possède deux crochets rigides près de sa bouche. Il est capable d’infliger des morsures qui peuvent être assez douloureuses si on ne fait pas attention en le manipulant, prévient Mathieu Lemonde-Landry.

Le ver marin néréis est un charognard. Il se nourrit de restants d’algues ou d’animaux morts. Cependant, il réussit aussi à chasser de petits invertébrés.

Bien qu’il ressemble à un insecte, le ver marin n’use pas de ses pattes. Ses milliers de poils sont en fait des branchies, indique le biologiste d’Exploramer. C’est vraiment pour la respiration, explique-t-il.

L’Allita virens mâle prendra une teinte bleutée métallique lors de la période de reproduction pour séduire les femelles.


Le loup atlantique, le loup-garou marin

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Dents pointues pour déchiqueter la chair, dents plates pour broyer les os, regard hagard, affamé… On pense tout de suite au loup. Détrompez-vous, il s’agit du loup atlantique, qui se cache dans les fonds marins du Saint-Laurent.

Sa dentition variée et son palais rigide lui permettent de manger les créatures les plus coriaces des eaux salées. Oursins, étoiles de mer, crabes, bourgot, tout y passe. Il va écraser et mastiquer ses proies pour les avaler, révèle Mathieu Lemonde-Landry.

La variété de dents qu’on retrouve dans la bouche du loup atlantique est plutôt rare chez les poissons, selon le biologiste. Les poissons ont normalement des dents identiques qui ne servent à peu près qu’à agripper la proie et non à la mastiquer. Et ils ont deux masses au palais pour briser les coquilles, indique-t-il.

Le loup atlantique ne nage ni très bien ni très vite. Parce qu’il ne flotte pas, il est condamné à rester au fond de l’eau et à grignoter ce qu’il trouve autour de son terrier, raconte le biologiste. Il mesure environ 1,5 mètre de longueur et pèse 20 kilogrammes.

Ses cousins, les loups tachetés et les loups à tête large, sont considérés comme espèces menacées par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada.


Les cténophores, ces extraterrestres

La vue de ce carnivore aux airs d’extraterrestre soulève de vifs questionnements sur son état. Aussi magnifiques qu’énigmatiques, les cténophores semblent tout droit sortis d’un film sur les êtres de l’au-delà. Comment produisent-ils de la lumière?

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Ces créatures translucides ne font en fait qu’absorber les rayons de la lumière, un peu comme les prismes. La réfraction de la lumière avec le mouvement de ses cils va faire cet effet multicolore qui bouge. Mais ce n’est pas de la lumière que l’animal va émettre lui-même, précise le biologiste d’Exploramer.

Contrairement aux méduses qui possèdent des cellules urticantes sur ses tentacules, les cténophores utiliseront des cellules collantes pour agripper les proies. Ces petites boules ont l’air inoffensives pour nous, mais pour du plancton de petite taille, ça peut être mortel de les croiser.


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Malgré leur apparence qui rappelle les monstres de l’Halloween, ces espèces marines jouent un grand rôle dans le maintien d’un fleuve Saint-Laurent en santé, rappelle le biologiste Mathieu Lemonde-Landry. La biodiversité, c’est une richesse collective […] Toutes les espèces sont interreliées.

Le Saint-Laurent contient encore des milliers de secrets. : “oups, on aurait peut-être dû!”","text":"On est loin de tout savoir de ce milieu qui comporte beaucoup d’inconnues. C’est important de protéger la diversité d’espèces plutôt que de se dire plus tard: “oups, on aurait peut-être dû!”"}}">On est loin de tout savoir de ce milieu qui comporte beaucoup d’inconnues. C’est important de protéger la diversité d’espèces plutôt que de se dire plus tard : « Oups, on aurait peut-être dû! »

La UNE : En ce jour de l’Halloween, découvrez des créatures du Saint-Laurent à donner froid dans le dos. PHOTO : RADIO-CANADA / MICHEL BOLDUC
PAR Shanelle Guérin