Le Québec est prêt pour une reprise de la pêche au sébaste

Publicité

Articles similaires

Sauvetage inusité : Une voiture extraite des eaux de l’Étang-du-Nord

Un sauvetage inusité dans les eaux de l'Étang-du-Nord a...

La CTMA fait l’acquisition de Madelinot Courrier

La CTMA annonce l’acquisition de Madelinot Courrier, une entreprise...

Mieux préparer les municipalités aux changements climatiques

Un forum régional organisé par le Conseil régional de...

Des Madelinots manifestent contre la Passe Archipel

M. Bourgeois, qui exploite un site touristique, craint également...

11e Gala des Éloizes de la Chambre de commerce des Îles

La communauté des affaires des Îles s'est rassemblée samedi...

Les pêcheurs et les usines gaspésiennes se disent prêts à une reprise de la pêche commerciale au sébaste dans le golfe du Saint-Laurent pour leur permettre de survivre et d’être rentables, avec la crise qui frappe l’industrie de la crevette.

Yan Bourdages profite de quotas de sébaste pour une pêche scientifique depuis maintenant trois ans.

Capture d’écran, le 2023-11-30 à 20.15.39

Capture d’écran, le 2023-11-30 à 20.15.51

Cette pêche pourrait même être plus rentable que la pêche à la crevette.

heures de chalutage pour remplir un bateau, c'est moins que ça, explique le capitaine. Et au cours des dernières années, je suis en décimales de pourcentage pour les prises accidentelles d’autres espèces.","text":"On prend d’énormes volumes, dans de courts laps de temps, notre impact sur les fonds marins, c'est minime, parce qu'on ne parle pas de 24heures de chalutage pour remplir un bateau, c'est moins que ça, explique le capitaine. Et au cours des dernières années, je suis en décimales de pourcentage pour les prises accidentelles d’autres espèces."}}">On prend d’énormes volumes, dans de courts laps de temps, notre impact sur les fonds marins, c’est minime, parce qu’on ne parle pas de 24 heures de chalutage pour remplir un bateau, c’est moins que ça, explique le capitaine. Et au cours des dernières années, je suis en décimales de pourcentage pour les prises accidentelles d’autres espèces.

Une transition vers la pêche au poisson rouge demanderait aussi des investissements mineurs.

Le pêcheur de Rivière-au-Renard évalue qu’équiper et adapter les crevettiers coûteraient, en moyenne, seulement 50 000 dollars par bateau.

Capture d’écran, le 2023-11-30 à 20.16.06

Chaque voyage peut être rentable, parce qu’on a moins de dépenses que la crevette, on passe peu de temps en mer, explique le pêcheur. Par contre, comme entreprise de pêche, sur une saison, il faut définir combien on peut en prendre.

Une pêche conjointe à la crevette et au sébaste serait aussi une solution pour permettre aux pêcheurs d’être rentables et d’avoir le temps d’établir des marchés pour le sébaste.

Cette approche multiespèces est déjà bien présente en Europe, mais moins populaire dans l’est du Canada. Des marchés à la fois pour vendre le sébaste en filet, mais aussi entier, comme appât, considérant la pénurie d’appâts locaux.

Ainsi, de petits quotas pour les deux espèces permettraient le rétablissement des stocks de crevettes, les principales proies des sébastes.

Les scientifiques de Pêches et Océans Canada ont révélé, lors du dernier comité consultatif sur la crevette, que les stocks de sébastes étaient 30 fois plus élevés qu’il y a 10 ans, et que ce poisson était l’une des principales causes de la chute draconienne des stocks de crevettes, avec le réchauffement des eaux.

Des usines prêtes à investir, mais pas à n’importe quel prix

Le sébaste pêché par Yan Bourdages se retrouve à quelques mètres du quai de Rivière-au-Renard, à l’usine Les Pêcheries Gaspésiennes, l’un des trois transformateurs gaspésiens déjà prêts pour une reprise de la pêche commerciale.

Capture d’écran, le 2023-11-30 à 20.22.44

Capture d’écran, le 2023-11-30 à 20.16.26

La prochaine étape pour les industriels? Acquérir des équipements pour pouvoir augmenter la capacité de production, mais le risque est trop grand, sans un signal clair de Pêches et Océans Canada.

On a besoin d’un coup de pouce du gouvernement, on a besoin de savoir comment on s’enligne, explique l’homme d’affaires. On arrive en décembre. Donc là, il faut vraiment qu’on ait une annonce, qu’on se vire de bord et qu’on sache ce qu’on a à acheter comme équipements, parce qu’on ne se le cachera pas, ça va passer par l’automatisation. Mais on est prêts.

L’industriel affirme avoir déjà ciblé des équipements performants, dans des pays scandinaves, qui prennent peu de place et qui peuvent être ajoutés facilement à une usine qui transforme plusieurs espèces.

L’usine peut actuellement transformer 50 000 livres de sébaste par semaine. Elle en a acheté un total de 450 000 livres cette année. Ce sébaste a été vendu à sa poissonnerie et a aussi été acheté par de grandes chaînes d’alimentation et des restaurateurs d’ailleurs au Québec.

Capture d’écran, le 2023-11-30 à 20.16.39

: les consommateurs sont habitués d’acheter des filets plus gros, mais il faut leur faire réaliser qu’il est tout aussi bon.","text":"Il faut réapprendre aux consommateurs à manger ce poisson-là qui a déjà été, à l’époque, très populaire, explique Olivier Dupuis. La petite taille du sébaste peut être un enjeu: les consommateurs sont habitués d’acheter des filets plus gros, mais il faut leur faire réaliser qu’il est tout aussi bon."}}">Il faut réapprendre aux consommateurs à manger ce poisson-là qui a déjà été, à l’époque, très populaire, explique Olivier Dupuis. La petite taille du sébaste peut être un enjeu : les consommateurs sont habitués d’acheter des filets plus gros, mais il faut leur faire réaliser qu’il est tout aussi bon.

Un retard difficile à rattraper pour l’industrie québécoise

L’autre enjeu de la commercialisation est que l’est et le sud-est de Terre-Neuve, ainsi que la Nouvelle-Écosse pêchent déjà le sébaste de façon commerciale depuis plusieurs années, sans moratoire. Leurs marchés sont donc bien établis et selon nos informations, l’arrivée éventuelle de nouveaux joueurs québécois est loin d’être la bienvenue.

Pour l’expert en distribution alimentaire et professeur à l’Université Dalhousie, Sylvain Charlebois, le retard engendré par le moratoire touchant ce poisson de fond depuis 28 ans nuira malheureusement aux efforts de commercialisation des pêcheurs et transformateurs québécois.

Capture d’écran, le 2023-11-30 à 20.16.53

Ce n’est pas nécessairement une bonne nouvelle pour les pêcheurs et transformateurs québécois, parce qu’ils voient déjà leurs collègues d’autres régions du pays qui profitent d’un marché qui a soif pour cette espèce qui est quand même très populaire, parce qu’elle est versatile, on peut faire toutes sortes de choses avec le sébaste, analyse le spécialiste.

Un fossé qui est encore plus profond, souligne-t-il, considérant que le marché pour le sébaste dépasse les frontières canadiennes : ce poisson à chair blanche est pêché et commercialisé ailleurs dans le monde, notamment dans les pays scandinaves. À cela s’ajoute la compétition d’autres espèces de poissons et de fruits de mer étrangers qui sont déjà bien présents dans les grandes chaînes d’alimentation du pays.

LA UNE : Les scientifiques à bord du navire trient les sébastes récoltés.PHOTO : GRACIEUSETÉ DE CLAUDE NOZERES / PÊCHES ET OCÉANS CANADA

PAR Martin Toulgoat