Les pêcheurs pélagiques s’estiment victimes d’une pêche mal encadrée

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C’est la thèse qu’a soutenue le président du Regroupement des pêcheurs pélagiques du sud de la Gaspésie, Ghislain Collin, qui a comparu la semaine dernière devant le comité permanent des pêches et des océans.

M. Collin a expliqué aux élus des Communes les raisons qu’il l’amenait à croire que l’évaluation des stocks de harengs et de maquereaux par Pêches et Océans avait toujours été effectuée de manière partielle.

Lors de son allocution, le représentant des pêcheurs pélagiques a entre autres tenté de démontrer que la pêche à l’appât des autres flottilles notamment dans les provinces de l’Atlantique était soit mal réglementée ou pas du tout comptabilisée, contrairement à celles du Québec.

Selon lui, seuls les débarquements des pêcheurs du Québec étaient adéquatement surveillés et les seuls à être soumis aux obligations réglementaires.

Le porte-parole des pêcheurs pélagiques va même jusqu’à estimer que les prises pour appât en Atlanqtique pouvaient être, avant le moratoire, jusqu’à 10 fois plus importantes que celles de son regroupement sans, a-t-il fait valoir, qu’il y ait de surveillance ou de contrôle de la part du ministère.

Un moratoire sur la pêche printanière aux harengs et aux maquereaux a été imposé en mars 2022 en raison de la faiblesse des stocks.

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En entrevue, Ghislain Collin rappelle avoir déposé un mémoire aux Communes sur le même sujet avant l’imposition du moratoire.

Le mémoire abordait les craintes des pêcheurs pélagiques ainsi que l’essentiel de la thèse qu’il a de nouveau défendue la semaine dernière. Les membres de mon organisation vivent de la pêche et il est impossible de faire notre métier en l’absence de harengs. Dans le but de maintenir l’espèce, il est impératif que les politiques de gestion de la ressource soient développées en partenariat avec les scientifiques du MPO et surtout que ces derniers aient accès à un ensemble de données permettant de faire des estimations fiables des stocks de poissons. Pour l’instant, ce dernier aspect n’est pas réalisé, car le MPO base ses estimations sur des données parcellaires.

On peut aussi lire dans le document : Il serait pourtant facile d’uniformiser les mesures appliquées présentement aux pêcheurs du Québec, comme l’appel d’entrée, le journal de bord et le pesage à quai. Ces mesures de vérifications permettraient de quantifier l’impact réel de cette pêche, de fournir des données sur la ressource et d’empêcher la vente non déclarée de la ressource. 

Les observations de M. Collin ne sont pas très éloignées de celles du commissaire au développement durable et du groupe Océania qui, cet automne, ont tous deux dénoncé le manque de données fiables recueillies par le ministère pour assurer une gestion durable des pêches.

Ghislain Collin estime que la faiblesse actuelle de la ressource et le moratoire sur la pêche au hareng découlent de cette mauvaise gestion de Pêches et Océans Canada. Aujourd’hui, on n’a plus rien à pêcher à cause de ça et c’est nous qui avons péché correctement, a affirmé M. Collin.

Le porte-parole des pêcheurs pélagiques a demandé aux élus membres du comité que le gouvernement fasse la lumière sur cette gestion qui a mis en péril la survie des entreprises de pêche qu’il représente.

L’homme a aussi profité de sa brève allocution pour réclamer un retour à la pêche pour aider les scientifiques à établir un plan de rétablissement de la ressource pour une éventuelle levée du moratoire. Sans donnée comment un tel plan peut-il exister, a demandé Ghislain Collin aux élus.

Un appel à la résilience

Un peu plus tôt, en novembre, les pêcheurs pélagiques avaient aussi sollicité une rencontre avec la ministre des Pêches, Diane Lebouthillier, pour discuter avec elle de solutions pour aider les pêcheurs à traverser le moratoire.

Interpellée, la ministre n’a pas souhaité se prononcer sur l’éventualité d’une telle rencontre, mais a reconnu le rôle essentiel que joue la pêche pélagique dans l’économie côtière.

Par écrit, Mme Lebouthillier rappelle que la décision du ministère se base sur la baisse dramatique des stocks de harengs et de maquereaux à des niveaux les plus bas observés.

Elle rappelle que son ministère continuera de recueillir des données durant l’hiver, et ce, en collaboration avec les Américains. On le sait, le maquereau n’a ni nationalité, ni passeport, et c’est pourquoi d’importants efforts sont actuellement déployés afin d’harmoniser les approches des deux côtés de la frontière, peut-on lire dans la réponse de la ministre.

Mme Lebouthillier en appelle à la créativité, la résilience et à l’agilité des communautés pour surmonter les défis qui se dressent devant nous.

LA UNE : Le maquereau figure sur la liste d’espèces dont le statut doit être réévaluer en priorité. (Photo d’archives). PHOTO : RADIO-CANADA