Le Marine Stewardship Council (MSC), un organisme international dont l’étiquette bleue constitue un symbole mondial de la durabilité des produits marins, prend une pause le temps de réviser sa plus récente norme qui est en vigueur depuis moins d’un an.
L’organisme sans but lucratif basé à Londres réagit à des plaintes d’intervenants de l’industrie mondiale des pêches, dont certains dans les provinces de l’Atlantique, qui jugent que cette norme est vague et inutilisable.
Il y a eu des défis et c’est pourquoi nous prenons des mesures aujourd’hui pour nous assurer que tout soit clair. Ainsi, les gens pourront voir la barre qu’ils doivent atteindre et pourront le faire efficacement
, affirme Jay Lugar, directeur de la sensibilisation des pêcheries au MSC au Canada.
Jay Lugar, directeur au Marine Stewardship Council en matière de sensibilisation des pêcheries au Canada, explique les raisons de la suspension de la nouvelle norme de durabilité. PHOTO : RADIO-CANADA
Nous avons raté la cible pour certains éléments et certaines clarifications qui, je pense, étaient nécessaires dans la troisième version de la norme. C’est pourquoi nous prenons cette pause
, ajoute-t-il.
L’organisme espère présenter en juillet une norme révisée et commander ensuite un examen indépendant de ses exigences. Ces dernières constituent l’élément le plus critiqué de la norme.
Il s’agit notamment de déterminer si ce cadre peut être appliqué de manière plus efficace, plus simple et moins coûteuse, a précisé le MSC le 31 janvier. Ce dernier compte recueillir ensuite l’avis d’organisations non gouvernementales et d’autres intervenants de l’industrie dans le cadre de la révision de la norme.
L’industrie critique les exigences de la norme
Nous avons tous eu des préoccupations importantes
, souligne Steve Devitt, directeur de la durabilité au Conseil du poisson de fond de l’Atlantique. Il représente cinq pêcheries certifiées par le MSC dans la région.
Il mentionne par exemple l’exigence de démontrer que les dommages environnementaux causés par de l’équipement de pêche perdu ou abandonné dans la mer sont manifestement absents
.
Comment pouvons-nous prouver cela? Il est pratiquement impossible de prouver qu’une pièce d’équipement perdue n’entraîne aucune conséquence
, affirme Steve Devitt.
Steve Devitt, du Conseil du poisson de fond de l’Atlantique, critique les exigences de la norme du Marine Stewardship Council. PHOTO : RADIO-CANADA
Cette phrase en particulier nous préoccupe tous et nécessite des éclaircissements. Est-ce que l’on parle de l’équipement lui-même? Est-ce qu’on nous dit qu’on ne devrait pas perdre d’équipement?
, s’interroge M. Devitt.
Jay Lugar promet que cette exigence en particulier sera plus claire dans la prochaine version de la norme.
Nous ne voulons pas voir des pêcheries renoncer parce qu’elles sont frustrées. Nous voulons qu’elles continuent de viser et d’atteindre un but de durabilité
, dit-il.
Le MSC a consacré quatre ans à la préparation de la norme adoptée l’an dernier.
Des environnementalistes rejettent les critiques de l’industrie
Le Centre d’action écologique, un groupe de défense de l’environnement basé à Halifax, écarte les critiques de l’industrie des pêches.
Selon Shannon Arnold, codirectrice des programmes marins au Centre d’action écologique, les exigences dont ces groupes industriels se plaignent le plus sont les suivantes : fournir de meilleurs renseignements sur ce qu’ils pêchent, sur leurs méthodes de pêche et sur leurs conséquences pour l’environnement et les espèces menacées, ainsi que prouver qu’ils respectent les règles en vigueur.
Shannon Arnold, du Centre d’action écologique, rejette les critiques de l’industrie des pêches au sujet de la nouvelle norme du Marine Stewardship Council. (Photo d’archives). PHOTO : RADIO-CANADA / MOIRA DONOVAN
Vous savez, ce n’est pas une surprise que ce soit nécessaire. C’est réalisable en grande partie
, affirme Shannon Arnold.
La flottille de pêche au homard pourrait se recertifier
Les pêcheries qui veulent se certifier à nouveau ou le faire pour la première fois peuvent utiliser la norme précédente du MSC pendant encore deux ans, jusqu’en février 2026. La nouvelle norme mise à jour sera obligatoire d’ici 2030.
La prolongation de deux ans permettrait à la flottille de pêche au homard des Maritimes de se faire certifier à nouveau en 2025 comme étant durable en vertu de la norme précédente.
Des homards pêchés et débarqués à Pubnico en Nouvelle-Écosse. (Photo d’archives). PHOTO : RADIO-CANADA / HELOISE RODRIGUEZ-QIZILBASH
Geoff Irvine, du Conseil canadien du homard, a exprimé en décembre des doutes sur la capacité de la flottille de respecter la norme pour ce qui est de la nouvelle exigence de faire surveiller la pêche par des tiers.
MSC. Nous étudions donc d'autres options et il se passe des choses de ce côté","text":"C'est un programme de référence, mais nous savons aussi que nous ne pourrons peut-être pas rester fidèles au MSC. Nous étudions donc d'autres options et il se passe des choses de ce côté"}}">C’est un programme de référence, mais nous savons aussi que nous ne pourrons peut-être pas rester fidèles au MSC. Nous étudions donc d’autres options et il se passe des choses de ce côté
, a-t-il déclaré.
Steve Devitt ajoute qu’il est reconnaissant envers le MSC pour sa décision de réviser sa nouvelle norme, un document d’environ 200 pages.
LA UNE : L’organisme international Marine Stewardship Council suspend l’application de sa nouvelle norme concernant la durabilité des pêches. PHOTO : MARINE STEWARDSHIP COUNCIL
PAR Radio-Canada d’après un reportage de Paul Withers, de CBC