Résultats de l’enquête sur les enjeux alimentaires de la population des Îles-de-la-Madeleine

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Afin d’obtenir des données sur les habitudes alimentaires des Madelinots et sur les enjeux d’insécurité et d’autonomie alimentaire dans l’archipel, Statistique Canada a mené en novembre dernier, une enquête téléphonique auprès de 601 ménages des Îles.

Rappelons qu’en 2016, le CERMIM s’est inscrit à un concours afin de bénéficier d’une enquête statistique rigoureuse réalisée par les statisticiens nouvellement recrutés par Statistique Canada. Suivant les plus hauts standards de sondage, le CERMIM a remporté cette dernière, d’une valeur de plus de 130 000$, et a pu proposer un sujet de son choix. Puisque le domaine social est souvent peu documenté et que les financements en recherche sont limités, le CERMIM a décidé de mettre à profit cette enquête statistique afin de recueillir des données spécifiques concernant les habitudes et les besoins alimentaires des Madelinots. Les résultats de cette étude sont mis à profit dans le cadre du projet « Récupération de denrées et banque alimentaire aux Îles-de-la-Madeleine ». Rappelons que ce projet aux incidences sociales, économiques et environnementales vise à documenter et définir un service de récupération, de gestion et de distribution alimentaire pour répondre aux demandes grandissantes des individus et familles des Îles-de-la-Madeleine tout en réduisant les pertes alimentaires dans les marchés d’alimentation du territoire.

Faits saillants extraits de l’étude :

  • L’enquête énonce que 86 % des ménages contactés étaient constitués d’au moins 2 adultes et rappelle que plus de 50 % des adultes sont âgés de plus de 55 ans.
  • L’enquête énonce qu’environ 20 % des Madelinots vivaient dans un ménage dont le revenu familial se situe entre 30 000 et 50 000 $ par année alors que pour 10 % des Madelinots, ce revenu familial annuel est inférieur à 30 000 $.
  • Un peu plus d’un Madelinot sur dix affirme manger moins de trois repas par jour alors qu’un Madelinot sur trente vit de l’inquiétude concernant le manque de nourriture.
  • Près d’un Madelinot sur vingt mentionne avoir un revenu insuffisant pour se procurer de la nourriture en quantité suffisante.
  • Quant à la capacité de s’offrir une alimentation de qualité, près d’un Madelinot sur dix déclare que son revenu est insuffisant pour y arriver. Pour plus du quart des Madelinots, le prix des aliments représente le problème principal les empêchant de se nourrir adéquatement.
  • En outre, plus de trois répondants sur cinq disent manger quotidiennement des aliments transformés et cette proportion est supérieure dans les ménages où vit au moins une personne de moins de 18 ans.
  • L’analyse des résultats fait également ressortir que près de neuf Madelinotssur 10 possèdent de bonnes habiletés à cuisiner.
  • Près de 2 % des Madelinots ont utilisé un service de dépannage d’urgence dans les 12 derniers mois. Quant à savoir le motif qui empêcherait les répondants d’avoir recours au service alimentaire d’urgence en cas de besoin, les résultats expriment que 50% auraient peur de prendre la place d’un autre alors que 39% des répondants énoncent la gêne et la fierté comme freins au recours à l’aide alimentaire.
  • Plus d’un Madelinot sur cinq a pratiqué quatre activités d’autoproduction ou plus au cours des 12 derniers mois (cueillette de fruits, cueillette de mollusques, jardin, pêche, chasse, cueillette de plantes, petit élevage). Fait intéressant, pour certains Madelinots, c’est plus du quart de l’alimentation quotidienne qui provient de l’autoproduction de nourriture.

Interprétation des résultats et adaptation du projet de récupération de denrées :

Le CERMIM tient ici à faire une mise en garde : l’ensemble de ces résultats doivent être interprétés avec prudence. À titre d’exemple, savoir cuisiner ne signifie pas que l’on cuisine chaque repas. Toutefois, l’analyse des résultats, pour le CERMIM, permet de mettre en lumière plusieurs éléments qui, dans le cadre du projet « Récupération de denrées et banque alimentaire aux Îles-de-la-Madeleine », aideront à définir le service en adéquation avec les besoins exprimés par les Madelinots. Ainsi, le projet devra considérer les éléments suivants :

  • La population est vieillissante et vulnérable ; les personnes âgées constituent une proportion importante de la communauté madelinienne et elles sont les plus inquiètes face à leur capacité financière à accéder à une alimentation de qualité et en quantité suffisante. Cette population joue un rôle essentiel à la transmission des savoir-faire culinaires.
  • Les répondants, plus particulièrement les familles, mangent de plus en plus d’aliments transformés mais, parallèlement, trouvent les aliments dispendieux. Cela vient donc soulever l’importance de développer de bonnes habitudes alimentaires, l’intérêt et les aptitudes à cuisiner, notamment auprès des familles avec enfants.
  • Dans les extrémités de l’archipel, il existe une plus grande difficulté d’accès aux marchés d’alimentation (déserts alimentaires), d’où l’importance de développer un service décentralisé.
  • La collaboration avec les organismes présents sur le terrain, lesquels ont déjà un lien de confiance établi avec les personnes susceptibles d’avoir recours à leurs services et ce, en toute confidentialité, est un incontournable au projet. La gêne, la fierté et la peur étant des freins majeurs, il faudra viser, ensemble, à réduire la stigmatisation et défaire les préjugés.
  • Le service à mettre en place dans le cadre du projet doit répondre aux besoins d’urgence, mais aussi à un spectre d’actions plus larges (éducation, capacitation, plaisir de cuisiner, savoir-faire, inclusion sociale, etc.). Ainsi, il viendra en aide et en appui aux organismes dans la réalisation de leur mission respective.
  • Le « garde-manger » naturel des Îles (cueillette, chasse, pêche) est exploité par les Madelinots et offre certainement une plus grande résilience comparativement à une population citadine. Dans le cadre du projet, cet accès à une alimentation « gratuite » pourrait être intégré à la réflexion afin d’identifier des façons de la rendre plus accessible à tous;
  • La présence d’un service alimentaire d’urgence sur le territoire est essentielle. De fait, une portion de la population madelinienne vit sous le seuil de la pauvreté. En outre, personne n’est à l’abri d’un épisode de difficultés (maladie, perte de revenu, etc.), ce qui confirme le besoin d’un service alimentaire d’urgence.

Pertes alimentaires et potentiel de récupération
Les pertes de denrées sont choses inévitables pour les marchés d’alimentation. Au Québec, celles-ci varient entre 5 à 10 %. Dans le cadre du projet, bien que le pourcentage de pertes soit en cours d’analyse, les observations permettent d’affirmer que nos marchés locaux sont efficaces. Pourtant, même un faible taux de pertes constitue un gisement de denrées important, inutilisé, qui peut venir répondre à certains besoins alimentaires soulevés dans l’étude, ce qui vient confirmer la pertinence et l’importance du projet mené par le CERMIM en collaboration avec Entraide communautaire des Îles et les marchés d’alimentation de l’archipel.

Source et photo : CERMIM