Foisonnement dans l’industrie madelinienne de la chasse au phoque

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Les intervenants madelinots gravitant autour de la chasse et de la transformation du loup-marin sont unanimes : 2022 est une année charnière pour l’industrie.

Le 13e Rendez-vous du loup-marin qui s’est clos dimanche à l’Auberge La Salicorne s’est déroulé sous le thème Mouvance… , afin de faire écho à l’effervescence actuelle de l’industrie du phoque dans l’archipel.

Plusieurs intervenants s’étaient rassemblés pour faire le point sur les différents projets en cours.

Il y a beaucoup de choses qui étaient dans les cartons, mais là on dirait que tout est en train d’émerger, se réjouit le directeur de l’Association des chasseurs de phoques intra-Québec (ACPIQ), Gil Thériault. C’est une année charnière où toutes sortes de projets arrivent un peu à termes en même temps, ce qui me donne espoir de pouvoir valoriser toutes les parties du phoque et de chasser à plus grande échelle. On a des solutions pour à peu près pour tout.

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Ça nous encourage, c’est tout le temps beau de voir la famille s’agrandir, ajoute le boucher Réjean Vigneau qui travaille depuis des années à faire connaître la viande de loup-marin. On veut travailler le loup-marin de A à Z, dans l’optique qu’il y ait le moins de pertes possibles à la fin. D’années en années, on voit les portes s’ouvrir. 

Voici un tour d’horizon de quelques-uns des projets qui pourraient permettre de donner un nouveau souffle à ce pan de l’économie madelinienne malmené par des embargos internationaux sur la vente de produits du phoque et les militants animalistes.


Des forfaits touristiques de chasse au phoque

L’Association des chasseurs de phoques intra-Québec travaille à développer des forfaits de chasse au phoque récréative qui permettrait aux participants de découvrir ce type d’activité en étant accompagné de chasseurs madelinots d’expérience, en formule tout inclus.

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Le directeur de l’Auberge du Port de Cap-aux-Meules, Claude Thériault, collabore au projet. Il estime qu’il s’agit d’un bon créneau à développer et que la demande pour ce type d’activité se fait sentir.

Le but est d’accueillir des chasseurs qui viennent aux Îles, de les emmener sur des territoires de chasse, fournir des bateaux, de les faire manger du loup-marin, à l’instar d’une expérience en pourvoirie ou d’un safari, explique M. Thériault.


Étude en cours pour l’implantation d’une tannerie

Cela fait plusieurs décennies que les Madelinots souhaitent avoir une tannerie pour traiter les peaux de phoque directement dans l’archipel. Les chasseurs sont souvent contraints de jeter les peaux, car aucun équipement pour retirer le gras de la fourrure et traiter les peaux n’est disponible dans l’archipel.

Actuellement, Écofaune boréale, un centre collégial de transfert technologue en fourrure nordique de Saint-Félicien, travaille à développer de nouveaux procédés pour traiter des peaux de façon écoresponsable, à petite échelle.

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Le centre a reçu une subvention gouvernementale d’un demi-million de dollars pour travailler durant deux ans sur le projet, de concert avec des chasseurs madelinots, nord-côtiers, de même que des communautés autochtones.

«Je pense qu’avec de gens comme ça, on n’aura jamais été aussi bien équipé pour aller au bout de la fameuse question : est-ce qu’on pourrait avoir une tannerie aux Îles-de-la-Madeleine?», estime le directeur de l’Association des chasseurs de phoque intra-Québec, Gil Thériault. «On va enfin savoir s’il y a moyen de développer ici un processus de tannage pas trop nocif au niveau environnemental et qui va permettre de faire des petites quantités, 5000 ou 10 000 peaux, et non pas 100 000.»


Début de la production d’huile chez Total Océan

Après des années d’attente, 2022 sera finalement le début de la production industrielle de Total Océan.

L’entreprise de Havre-aux-Maisons transformera le gras du loup-marin en huile de haute qualité riche en oméga-3.

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Total Océan a reçu en novembre la pièce maîtresse de son usine, un distillateur moléculaire construit en Chine.

L’installation devrait être terminée d’ici la fin du mois de mars, ensuite il y aura quelques tests de mise à l’échelle, explique le coprésident de Total Océan, François Gaulin. On est très certain de sortir des barils d’huile de Total Océan en 2022.

Total Océan entend produire entre 100 000 et 200 000 litres d’huile en 2022, ce qui nécessite un approvisionnement de 3000 à 6000 phoques.


Une entreprise intéressée à commercialiser les crânes de phoque

L’Association des chasseurs de phoques est en communication avec une entreprise de Bégin au Lac-Saint-Jean intéressée à commercialiser les crânes, les griffes et les dents de loups-marins chassés aux Îles-de-la-Madeleine.

L’entreprise ostéologique vend des parties de squelettes d’animaux à des fins décoratives, mais également pédagogiques.

Le directeur de l’Association des chasseurs de phoques intra-QuébecACPIQ explique que le propriétaire a déjà fait part de sa volonté d’acheter 1000 crânes et de débourser un prix intéressant pour chacun d’eux.

On s’aperçoit, bizarrement, qu’il pourrait y avoir un marché intéressant, aussi pour les griffes et les dents aussi, mentionne Gil Thériault.


Transformer les abats en appâts

L’ACPIQ travaille aussi en collaboration avec Merinov pour transformer les abats de phoques, qui sont habituellement jetés, en appâts pour la pêche aux crustacés.

Les appâts traditionnels sont constitués de petits poissons, comme le hareng ou le maquereau, dont les stocks sont en déclin et les prix à la hausse.

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On a engagé Merinov pour qu’ils fassent des tests, explique le directeur de l’ACPIQ, Gil Thériault. On a essayé avec de la viande et de la graisse, mais le truc qui marchait super bien, ce sont les abats, les intestins. Et ça a du sens parce que ce qu’on retrouve là-dedans, c’est du poisson prédigéré.


ReconSeal Inuksiuti : la réconciliation par le phoque gris

Le Madelinot Yoanis Menge et l’Inuk Ruben Komangapik ont mis sur pied l’initiative ReconSeal Inuksiuti dans le but de créer des ponts entre les communautés madelinienne et inuit à travers la chasse au phoque gris.

Un de nos buts est d’approvisionner en viande de phoque les Inuit qui vivent dans les grandes villes canadiennes et qui n’ont pas accès à la viande de phoque parce qu’elle est très dispendieuse à faire venir du Grand Nord, c’est plus facile à partir des phoques chassés aux Îles-de-la-Madeleine, explique Yoanis Menge, également président de l’Association des chasseurs de phoques intra-QuébecACPIQ.

Cet automne, le projet a permis d’acheminer 700 kilos de phoque gris à Tungasuvvingat Inuit, un organisme d’Ottawa qui offre des services aux Inuit qui vivent dans les communautés urbaines.

De plus, 500 personnes ont pu manger du loup-marin madelinot dans le cadre d’un événement organisé à Ottawa pour rendre hommage à une artiste inuk retrouvée morte dans la capitale.

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On a aussi un volet éducatif pour permettre aux Inuit qui n’ont pas la chance de chasser de le faire aux Îles-de-la-Madeleine, de permettre aux chasseurs madelinots de chasser avec des Inuit pour favoriser les échanges culturels ou encore d’initier des jeunes madelinots qui n’ont pas la chance de chasser, ajoute M. Menge.

LA UNE : En valorisant chaque partie de l’animal, les Madelinots estiment qu’ils peuvent relancer l’industrie (archives). PHOTO : RADIO-CANADA

PAR Isabelle Larose