Comment se porte l’Acadie du Québec?

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NDLR: En 2014, le Québec et le Maine ont travaillé de concert avec le nord-ouest du Nouveau-Brunswick pour accueillir le Congrès mondial acadien, ce qui a permis à plusieurs de réaliser qu’il existait une influence acadienne dans ces régions situées à l’extérieur du territoire géographique traditionnel de l’Acadie. 

En 2024, comment se porte la culture acadienne, plus spécifiquement dans ces régions limitrophes du Nouveau-Brunswick, porte d’entrée des Provinces maritimes?

Aujourd’hui, l’Acadie du Québec.

En 1988, un sondage réalisé pour le compte de la Fédération acadienne du Québec avançait que près d’un million de Québécois sont d’origine acadienne.

Publié dans les cahiers québécois de la démographie par un groupe de chercheurs de l’Université du Québec, en 2008, un texte révèle que de 46% à 100% des ascendances, selon la région, comprennent au moins un ancêtre acadien.

Les régions de l’est du Québec sont les mieux représentées. Au Bas-St-Laurent (90%), sur la Côte-Nord (97%) et en Gaspésie (97%), presque toutes les généalogies de l’échantillon recueilli par les auteurs de l’étude contiennent un fondateur acadien ou plus. Toutes les généalogies en provenance des Îles-de-la-Madeleine comportent au moins un fondateur acadien.

«Ainsi, on peut dire qu’une majorité de Québécois ont au moins une personne d’origine acadienne parmi leurs ancêtres», peut-on lire dans l’article.

Myriam Custeau est directrice générale du Musée acadien du Québec de Bonaventure, en Gaspésie. Elle dit ressentir cette influence acadienne dans son coin de pays, même si elle concède qu’elle varie ailleurs au Québec.

«Au moment de la Déportation, il y a peut-être 2000 Acadiens qui fuient, alors il y a beaucoup de familles qui sont venues fonder ce que l’on appelle les petites Cadies au Québec. Il y en a six répertoriées officiellement, même s’il y a d’autres villages qui ont été fondés après (…) Il y a Bonaventure, Carleton-sur-Mer, L’Acadie à Saint-Jean-sur-Richelieu, Saint-Grégoire, Saint-Jacques (Lanaudière) et Saint-Gervais-de-Bellechasse. Ce sont tous des villes et villages fondés par des familles acadiennes.»

À Bonaventure, la culture acadienne est ancrée dans la vie quotidienne de ces gens que l’on surnomme les Cayennes et Cayens. Il n’est pas rare de voir les citoyens afficher leur fierté acadienne en incluant des symboles sur leur demeure ou leur automobile.

«La toponymie de la ville a un lien avec l’histoire acadienne. On fête le 15 août avec le Tintamarre et on a le Musée acadien du Québec. À Bonaventure, c’est très fort. Cette culture-là est très vivante», soutient Myriam Custeau.

Le Musée acadien du Québec sert de canal de transmission puisqu’il attire autant les gens de la région que les quelque 10 000 touristes qui visitent l’endroit annuellement.

Selon Mme Custeau, il est difficile de quantifier l’impact de l’influence acadienne au Québec, même si la proximité avec le territoire traditionnel acadien (Nouveau-Brunswick, Île-du-Prince-Édouard, Nouvelle-Écosse) permet d’avoir des informations plus claires à ce sujet.

«Dans la Baie des Chaleurs, l’objectif est de faire perdurer ce qui existe actuellement (…) Dans les autres régions, il y a plus de combats pour faire connaître (cette culture). Dans ces autres petites Cadies, il y a de petits comités qui tentent de transmettre l’histoire acadienne.»

Au cours des dernières années, des efforts ont été déployés afin de créer, par l’entremise d’un travail de collaboration entre le Musée acadien du Québec et la Coalition des organisations acadiennes du Québec (COAQ), un répertoire du patrimoine acadien au Québec.

Cet outil fait l’inventaire des lieux d’intérêts, institutions, événements et personnalités marquantes de l’Acadie du Québec.

Il reste qu’en l’absence de comités organisés et surtout d’un manque d’éducation au niveau scolaire, l’étoile acadienne n’a pas le même éclat dans d’autres coins de la belle province.

Pour Myriam Custeau, comme le territoire québécois est très grand, il peut être difficile de transmettre les informations entre les organisations installées ici et là.

Préoccupée par la faible présence de l’histoire acadienne dans les programmes scolaires du Québec, la COAQ a même préparé un sondage, l’été dernier, afin de tâter le pouls des communautés acadiennes.

«Chez nous, dans le cursus scolaire, ce (l’histoire de l’Acadie) n’est pas abordé. On trouve que c’est une catastrophe et on travaille sur ce dossier depuis plusieurs années», déclare Mme Custeau qui fait partie du conseil d’administration de la COAQ.

Dans cette optique, le Musée de l’Acadie du Québec travaille à la mise en place d’un projet-pilote dans une école de Bonaventure, dès la prochaine année scolaire, afin d’intégrer l’histoire de l’Acadie dans le programme scolaire des élèves de la 4e année.

«Ils ont un cours d’histoire à partir de cette année-là. On veut leur partager l’histoire acadienne, celle de l’arrivée des réfugiés à Bonaventure, bref, toute l’histoire de la création de leur communauté.»

Le projet pilote sera ensuite présenté au ministère de l’Éducation du Québec.

«On veut leur faire savoir qu’il y a une partie de l’histoire du Québec et du Canada qui manque. Ça fait trop longtemps que l’on n’en parle pas (…) Il faut que ça parte de l’éducation, car c’est la base.»

Le défi de dénicher des fonds gouvernementaux pour promouvoir cette identité acadienne est aussi un combat de tous les instants, selon Myriam Custeau.

«On nous donne des enveloppes de commémoration, donc il faudra encore juste parler de la Déportation. C’est comme nous dire que l’on ne peut pas fêter, il faut juste rappeler que ç’a été dur.»

«On fait plein de démarches politiques. On se bat pour exister, on n’a pas le choix.»

Un avenir radieux au Témiscouata

À environ 400 kilomètres à l’ouest de la Baie des Chaleurs, se trouve la région du Témiscouata. Avant 2014, cette région québécoise n’était pas vraiment associée à la culture acadienne.

Étienne Deschênes, conseiller municipal à Témiscouata-sur-le-Lac et créateur du spectacle L’Acadie des terres et forêts en fête! croit que l’effervescence acadienne engendrée par le Congrès mondial acadien de 2014 demeure positive.

«Je ne m’attendais pas à un tel résultat dix ans plus tard. Je me réjouis qu’actuellement plusieurs municipalités du Témiscouata ainsi que celles du Madawaska se réunissent de deux à trois fois par année afin de créer des liens entre elles. Quand je vois les drapeaux acadiens flotter à la MRC du Témiscouata et dans l’ensemble des municipalités, ça me rend fier.»

La construction de monuments, l’organisation de Tintamarres annuels, la création d’un comité de promotion de l’Acadie au Témiscouata et la tenue du spectacle L’Acadie des terres et forêts en fête! à Témiscouata-sur-le-Lac et à Dégelis sont d’autres exemples, selon lui, de la vitalité de la culture acadienne dans cette région du Québec.

«Je pense que le futur s’annonce radieux pour l’Acadie du Témiscouata.»

Claudine Boucher, conseillère en communication et promotion touristique à la MRC du Témiscouata, mentionne, pour sa part, qu’il existe une bonne collaboration entre l’Office du tourisme Edmundston-Madawaska et Tourisme Témiscouata. Elle ajoute qu’il existe un comité actif formé d’élus du Nord-Ouest et du Témiscouata qui se rencontrent et échangent sur différents dossiers touchant les deux territoires.

Par contre, le directeur général de la Société d’histoire et d’archéologie du Témiscouata, Étienne Frenette, n’a pas remarqué une hausse des demandes d’informations historiques au sujet de l’identité acadienne.

«Pendant le Congrès mondial acadien, on a eu beaucoup de questions sur les Acadiens. On a eu des conférences sur les Acadiens pendant un bout, mais on ne nous demande plus vraiment de les donner. Dans le fond, c’est une histoire d’offre et de demande.»

LA UNE : Photo d’un Tintamarre à Bonaventure. – Gracieuseté: Geneviève Smith
Par Bobby Therrien