Des crabiers prêts, mais des usines qui manquent de travailleurs

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La pêche au crabe des neiges s’ouvre dimanche dans la zone 17. À moins de deux jours du début de la saison, des usines de transformation de l’Est-du-Québec n’ont toujours pas toute la main-d’œuvre nécessaire, mais les crabiers, eux, se disent prêts.

La zone 17 s’étend de la Pointe-des-Monts à Tadoussac et de Rivière-du-Loup à Rivière-à-Claude.

Au quai de Matane, les préparatifs vont bon train malgré le froid et le vent qui balaye la région vendredi matin.

Des pêcheurs fixent les appâts sur les cages et finissent de les charger sur leur bateau.

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Des pêcheurs au quai de Matane vendredi matin. PHOTO : RADIO-CANADA / VERONIQUE DUVAL

Bertrand Desbois, capitaine-propriétaire de La Gaspésienne 51, est prêt. Toutes les cages sont à bord. On est prêt à s’en aller, lance-t-il.

Les pêcheurs amarrés au port de Matane ne semblent pas inquiets de pouvoir vendre les crustacés qu’ils auront pêchés, malgré la crise des travailleurs mexicains temporaires qui secoue l’industrie des pêches depuis le 29 février.

Le capitaine-propriétaire Bertrand Desbois mentionne que les crabiers de Matane écoulent majoritairement leurs stocks dans les poissonneries de la province et qu’ils ne font pas affaires avec les usines de transformation.

Seuls les plus gros crabiers doivent passer par les usines de transformation.

On le vend dans nos poissonneries de Matane, de Québec, précise-t-il. Mais en Gaspésie, c’est un peu plus dur là, qu’on entend parler, pour les usines, ils n’ont pas de [travailleurs mexicains] à cause des visas, ajoute M. Desbois.

Le prix au débarquement ne sera pas élevé, mais c’est correct. C’est moins pire que la crevette!

Une citation de Bertrand Desbois, capitaine-propriétaire de La Gaspésienne 51
Bertrand Desbois.

Bertrand Desbois se prépare pour l’ouverture de la saison de pêche au crabe des neiges. PHOTO : RADIO-CANADA / VERONIQUE DUVAL

Résilience dans les usines

Des usines de la Côte-Nord, qui transforment le crabe des neiges de la zone 17, n’arriveront pas à fonctionner à plein régime.

Pêcheries Manicouagan et Groupe UMEK à Sept-Îles pourront ouvrir leurs portes, mais les deux manquent de travailleurs mexicains temporaires.

Cette situation se reflète aussi au Bas-Saint-Laurent. À Rimouski, la direction de l’usine de transformation Pêcheries de l’Estuaire admet vivre des montagnes russes depuis le 29 février.

Le président, Henry Clapperton, avance que les travailleurs mexicains temporaires qui étaient attendus ne sont toujours pas arrivés. Parce qu’ils n’ont pas obtenu leur visa encore, critique-t-il.

On sait qu’il y en a quelques-uns qui ont obtenu leur permis de travail, mais ils attendent après l’estampillage du visa, précise-t-il. Il déplore un processus plus long que ce que le gouvernement fédéral avait promis.

L’entreprise attendait 18 de ces travailleurs temporaires, autant de postes qu’elle a dû pourvoir autrement. C’est avec une douzaine de travailleurs locaux que l’entreprise sera prête à opérer dans deux jours.

C’est un retour à la case départ. Ces travailleurs doivent recevoir des formations avant le début des activités. Pour Henry Clapperton, c’est un parcours du combattant, qui n’est toujours pas terminé.

Certains employés de Fruits de mer de l’Est du Québec, à Matane, se sont d’ailleurs joints à l’équipe de Pêcheries de l’Estuaire, mais l’entreprise rimouskoise n’a pas pu offrir un travail aux 35 personnes qui ont perdu leur emploi lundi.

Le fédéral critiqué

Le ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, s’est exprimé jeudi, au sujet du retour du visa pour les travailleurs mexicains. Il a indiqué avoir bon espoir qu’entre 80 % et 100 % de ces travailleurs temporaires arriveraient pour démarrer la saison des pêches.

Une supposition que réfute Henry Clapperton. Les travailleurs mexicains, je n’en ai pas un d’arrivé. Ce que monsieur Miller dit, puis ce qui se passe en réalité… ce n’est pas vraiment ce qui se passe, déclare-t-il.

Le ministère de l’Immigration affirme travailler à accélérer le processus.

J’espère qu’on va être capable de s’en tirer malgré toutes les contraintes que le gouvernement fédéral nous donne présentement.

Une citation de Henry Clapperton, président, Pêcheries de l’Estuaire

La ministre responsable de Pêches et Océans Canada et députée fédérale de Gaspésie–Les Îles-de-la-Madeleine, Diane Lebouthillier, affirme avoir appris en même temps que tout le monde le retour des visas obligatoires pour les ressortissants mexicains.

M. Clapperton dit néanmoins reconnaître que la ministre des Pêches a fait des efforts pour faire avancer ce dossier.

Pour sa part, le député des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau, critique la réponse d’Ottawa à la crise provoquée dans l’industrie des pêches par la réimposition d’un visa aux travailleurs mexicains.

Cette décision du gouvernement fédéral, annoncée à un mois du début de la saison de pêche, a fait dérailler les prévisions des usines de transformation, qui dépendent de cette main-d’œuvre.

Jeudi, le ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, et la ministre fédérale des Pêches, Diane Lebouthillier, ont mentionné qu’ils étaient conscients de l’impact qu’aurait l’imposition d’un visa, mais qu’ils étaient sûrs que la crise allait se résorber.

Joël Arseneau ne s’explique pas pourquoi les deux ministres refusent d’accorder une dérogation temporaire aux travailleurs mexicains embauchés par les transformateurs.

Les usines attendent encore beaucoup de travailleurs mexicains temporaires pour l’ouverture de la pêche au crabe de la zone 12, dont la date sera fixée lundi par le comité des glaces.

LA UNE : La pêche au crabe des neiges s’ouvre dimanche dans la zone 17. PHOTO : RADIO-CANADA / MICHÈLE BRIDEAUPAR Véronique Duval et Adrianne Gauvin-Sasseville