Les dépenses des homardiers risquent de monter en flèche

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Les frais des homardiers risquent encore de bondir lors de la prochaine saison en raison du déclin des populations de maquereau et la fermeture de la pêche au hareng de printemps, deux poissons communément utilisés comme appât.

L’an dernier, la pêche au maquereau bleu a été fermée, tout comme celle au hareng de printemps, une situation qui a exercé une pression à la hausse sur les dépenses des pêcheurs.

Rien n’indique que les choses iront en s’améliorant en 2023.

«Lorsque la suspension de la pêche au hareng et au maquereau a été annoncée l’an dernier, les pêcheurs ont pu se procurer de l’appât de l’année précédente. Là, tous ces stocks ont été écoulés, donc on craint vraiment un impact financier important si l’interdiction du maquereau est reconduite», précise Martin Mallet, directeur général de l’Union des pêcheurs des Maritimes (UPM).

Et ces défis pourraient d’ailleurs durer quelque temps.

Le ministère des Pêches et Océans (MPO) a indiqué cette semaine que les stocks de maquereau ne se sont pas rétablis malgré la suspension de la pêche, l’an dernier.

«Ils sont encore dans la zone critique, explique Elisabeth Van Beveren, chercheure à l’Institut Maurice-Lamontagne du MPO, situé à Mont-Joli, au Québec. D’après la dernière évaluation que nous avons effectuée, les choses se sont empirées.»

Selon Mme Van Beveren, les stocks de maquereau se portent mal depuis 2011 et les données du fédéral indiquent que la situation a été causée par les activités de pêche.

Pêcheurs inquiets

Les évaluations du MPO, présentées cette semaine à Halifax, inquiètent de nombreux intervenants du secteur des pêches.

Des associations de pêcheurs du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse, de l’Île-du-Prince-Édouard et du Québec craignent notamment que le MPO interdise, encore cette année, la pêche au maquereau.

La mise en place de mesures visant à réduire l’impact de la pêche – notamment une entente de cogestion des stocks avec les États-Unis, un meilleur contrôle des populations de phoques et des équipements mieux adaptés afin d’éviter des prises non souhaitées – pourrait éviter de compromettre la prochaine saison.

Martin Mallet est d’avis qu’il serait ainsi possible d’attribuer un quota régional de 2500 tonnes (10% de la biomasse capable de se reproduire) sans compromettre la capacité de la population de maquereau de se rétablir.

«C’est difficile, c’est un stock partagé avec les Américains. Si nous avons un moratoire et eux ont le droit de pêcher, ils finissent par prendre le poisson que nous laissons à l’eau, déplore M. Mallet. Nous sommes doublement pénalisés parce qu’on ne peut pas pêcher et nos pêcheurs qui ont besoin d’appât finissent par acheter des États-Unis.»

Pour l’instant, aucune décision n’a été prise à savoir si la pêche aura lieu cette année. La ministre des Pêches devrait bientôt recevoir les recommandations des spécialistes du MPO et une décision sera, en principe, rendue au cours des prochaines semaines.

Hareng

Selon le MPO, tout indique que la population de hareng ne risque pas – elle aussi – d’augmenter de manière significative d’ici à ce que la prochaine évaluation des stocks ait lieu, soit au printemps 2024.

«Les modèles montrent qu’il est très peu probable que le stock se rétablisse après un ou deux ans, dit Nicolas Rolland, chef de la section des poissons et mammifères marins pour le ministère des Pêches et Océans à Moncton. Les conditions environnementales sont peu propices au rétablissement de cette espèce en ce moment.»

Il cite notamment la nourriture – trop peu abondante pour favoriser le recrutement de jeunes harengs – et l’effet cumulé de la pêche au fil des années qui a réduit la taille des poissons.

«Les harengs qui sont plus petits produisent moins d’œufs et ceux-ci ont moins de réserves pour que la larve puisse se développer», indique-t-il.

L’UPM indique de son côté que les techniques utilisées par le MPO pour évaluer les stocks de harengs devront être adaptées en raison du comportement changeant de ce poisson.

«Les pêcheurs ont remarqué des changements dans la distribution du hareng. Il est présent le long de nos côtes plus tôt et il se retrouve dans des endroits où il n’a pas été vu depuis plus de 100 ans», indique M. Mallet.

Bien qu’il reconnaisse que le comportement du hareng peut avoir changé, chose que le MPO tente de mesurer via divers projets, Nicolas Rolland rétorque néanmoins que toutes les données indiquent que la population a chuté.

«Lorsque l’on compare toutes nos données, à travers le temps, que ce soit l’information fournie par l’industrie ou celle que nous collectons grâce aux relevés du MPO, on se rend compte que la biomasse n’est plus là, elle a vraiment chuté drastiquement et il ne s’agit pas d’une redistribution.»

Par Justin Dupuis