Distraction au volant : mais où et quand ça va s’arrêter?

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Selon la Base de données nationale sur les collisions mortelles de la Fondation de recherche sur les blessures de la route (FRBR), le pourcentage de victimes de toutes collisions mortelles liées à la distraction est passé de 19,1 % à 26,1 % entre 2000 et 2020. Toujours selon ce même organisme, dans certaines régions du Canada, la distraction au volant cause plus de décès que la conduite avec facultés affaiblies.

Le problème de la distraction au volant prend donc de l’ampleur, sans contredit. Et selon mes observations absolument non scientifiques, ça se répercute très bien sur les routes du Québec. J’ai observé plusieurs situations surprenantes qui altèrent ma confiance envers les automobilistes en général.

Sources de distraction

Bien sûr, il y a les gens qui utilisent leur cellulaire au volant, une pratique absolument interdite et même sanctionnée par la loi. Les plus disciplinés le tiendront à la main pour parler, même s’ils sont au volant d’un Cadillac Escalade ou d’un Range Rover flambant neuf, certainement équipé de la technologie de communication sans fil. D’autres l’utilisent carrément pour texter, effectuer des recherches sur Internet ou lire des textes. J’ai encore vu, la semaine dernière, un automobiliste au volant d’un Ford F-150 en train de zigzaguer entre les lignes de l’autoroute 25 sud, accordant plus d’importance à ses communications virtuelles par l’entremise de son cellulaire fixé au tableau de bord qu’à sa propre vie et à celle des autres.

Certains poussent l’utilisation du cellulaire encore plus loin. J’ai dépassé il y a quelques mois un conducteur sur l’autoroute 40 en train d’écouter un film sur son cellulaire, judicieusement placé avec un support prévu à cet effet à l’endroit où se trouverait normalement l’instrumentation dans une Tesla Model 3. Il se bidonnait au volant, visiblement concentré à écouter son long métrage.

L’utilisation du cellulaire au volant est certainement la distraction la plus répandue. Mais j’ai aussi vu toute sorte d’autres choses. Parmi les classiques, mentionnons les gens qui effectuent des soins corporels en tout genre, comme se maquiller ou se raser, soit à une intersection ou carrément en roulant sur l’autoroute. Il y a aussi les gens qui tentent de satisfaire leurs besoins de base. J’ai récemment aussi aperçu un conducteur de poids lourd en train de manger une rôtie en tentant de négocier une intersection. J’ai aussi déjà vu une personne débarquer d’une voiture avec un bol de céréales à la main, qu’elle consommait sans aucun doute alors qu’elle était derrière le volant.

Le comble

Mais j’ai rencontré le summum il y a environ 2 semaines, dans Lanaudière. J’étais sur la route 343 près de Saint-Charles-Borromée, sur une portion appelée par les habitués la « voie de contournement », qui permet d’éviter la ville. J’attendais à une intersection avec, devant moi, une Toyota Corolla rouge. Le feu de circulation passe au vert, et je commence à avancer. Alors que le trafic s’élance pour reprendre la vitesse de croisière permise de 90 km/h, j’étais pris derrière cette Corolla qui prenait un temps fou à accélérer. 700 ou 800 mètres plus loin, nous avons fini par atteindre 50 km/h, alors que la ligne pointillée permettant le dépassement se présentait à moi.

J’enfonce l’accélérateur pour dépasser la voiture lente pour me rendre compte que la conductrice était en train de prendre des notes dans un calepin avec un crayon, bien appuyée sur le volant, tentant tant bien que mal d’écrire en conservant la maitrise de son bolide. Je n’en revenais pas.

Le pire est à venir

On s’entend tous que ces situations n’ont pas de sens. D’un œil extérieur, on se dit très clairement qu’il n’y a rien de logique à adopter de tels comportements, mais les statistiques montrent que la distraction au volant prend de plus en plus d’ampleur.

La question à se poser est la suivante : quel genre de catastrophe routière ça va prendre pour réveiller les distraits? Parce que c’est précisément ce qui nous guette tous, même si une minorité — de plus en plus grande — d’automobilistes font autre chose que conduire au volant.

Personnellement, je n’ai aucun problème à ce que quelqu’un subisse les conséquences de ses actes. Tu veux être imprudent, au risque de prendre le décor et d’y laisser ta peau? Fais à ta tête.

Mais ce n’est pas comme ça que ça marche. Aucun automobiliste n’est seul sur la route. Il y a toujours d’autres autos, des cyclistes, des piétons, des animaux, des autobus, des taxis ou des poids lourds, sur la route. La conduite automobile, par définition, implique qu’on côtoie d’autres gens qui utilisent les mêmes infrastructures. Il peut même y avoir des passagers montés à bord du même véhicule. Et chaque fois que quelqu’un fait le geste « anodin » de prendre son cellulaire, de se maquiller ou de prendre des notes dans un calepin, il met non seulement sa propre sécurité en jeu, mais surtout celle des autres.

Je me souviens très bien de mon père qui me disait, quand j’ai commencé à faire de la moto il y a 15 ans, qu’un motocycliste doit « conduire pour les autres », parce que la moto est si petite que certains automobilistes ne la voient pas. Je pense que ce dogme s’applique maintenant, et plus que jamais, à la conduite automobile.

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