La diffusion du documentaire Du phoque au menu mène à une accusation à l’endroit du chasseur de phoque et boucher madelinot Réjean Vigneau.
Diffusé en novembre dernier sur les ondes de Radio-Canada, le documentaire fait la promotion de la chasse et de la consommation de viande de phoque. On y voit Réjean Vigneau prenant part à une expédition de chasse au phoque gris aux côtés de Jeremy Jerome, un Mi’gmaw de Gesgapegiag, à bord d’un bateau dans les eaux de la baie des Chaleurs.
Ces scènes ont été tournées le 9 novembre 2022.
Pêches et Océans Canada accuse maintenant le boucher Réjean Vigneau d’avoir illégalement chassé un phoque gris dans la zone 19, hors de la zone pour laquelle il a un permis, et ce, durant la période de fermeture.
Réjean Vigneau explique qu’il avait été invité à chasser par Jeremy Jerome pour y transmettre son savoir. Le Madelinot ajoute que l’abattage d’un seul phoque gris visait à obtenir une bête en vue d’une formation de dépeçage qu’il offrait quelques jours plus tard, entre autres, à des membres de communautés autochtones.
Le chasseur de phoque et boucher madelinot entend contester l’accusation.
Je trouve ça aberrant un peu, on dirait qu’on s’acharne sur l’os. C’est dépenser de l’énergie, dépenser de l’argent pour rien.
En étant invité par un Autochtone, sur un territoire non cédé, je ne serais pas supposé à avoir à me débattre là-dessus
, ajoute-t-il. On entend parler nos instances gouvernementales de réconciliation et de transfert de connaissances avec les communautés autochtones et ensuite les agents des pêches s’acharnent sur notre dossier.
Le réalisateur rimouskois du documentaire Du phoque au menu, Guillaume Lévesque, s’indigne de l’accusation portée contre Réjean Vigneau. (Photo d’archives) PHOTO : SANDRA FILLION
Le réalisateur du documentaire, Guillaume Lévesque, qualifie l’accusation portée contre Réjean Vigneau de contreproductive. On essaie de démarrer une industrie au Québec et Pêches et Océans Canada va accoter dans le mur, le seul intervenant, le seul chasseur de phoque boucher qui est capable de mettre cette viande-là sur le marché
, lance-t-il.
Je trouve ça complètement aberrant. C’est incompréhensible, c’est contreproductif.
Guillaume Lévesque a été personnellement rencontré par des agents de Pêches et Océans Canada, le 9 février à Sainte-Anne-des-Monts. Il a été cité à comparaître en cour en tant que témoin, car il se trouvait à bord du bateau, lors des événements reprochés à Réjean Vigneau.
Le réalisateur rimouskois a également reçu un avertissement de la part de Pêches et Océans Canada parce qu’il n’avait pas obtenu de permis éducationnel pour filmer la sortie de chasse.
Selon lui, il s’agit du seul tournage où il n’avait pas obtenu d’autorisation, car la sortie en mer avec les deux protagonistes de son documentaire s’était organisée à la dernière minute.
L’agent du MPO m’a contacté pour me dire que j’allais devoir témoigner contre Réjean, raconte-t-il.
Le réalisateur se demande si tout cela est bien logique alors que lui aussi n’avait pas de permis. Pourquoi moi, j’ai juste un avertissement et pourquoi prendre en chasse le seul chasseur qui fait avancer le dossier? Un moment donné, ça prend un pouvoir discrétionnaire et un jugement.
Le dossier sera entendu le 12 juin au palais de justice de New Carlisle.
LA UNE : Le chasseur de phoque et copropriétaire de la boucherie Côte à côte, Réjean Vigneau, fait face à une accusation de chasse illégale. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE